jeudi 4 juin 2015

Niveau Huit par Mimosa (8)



Marie Groëtte dans le fond de sa vitrine
un daguerréotype de la rue Daguer un mur
plutôt un appui de fenêtre couvert d’une
grosse couche de blanc la vitrine grande
comme un écran de télévision familial ça
va du mur au mur dans la boutique il y a
des passoires et aussi des mitraillettes
en plastique jaune tout fin des nervures
comme une peau de bébé on voit le jour à
travers les murs sont verts car c’est la
seule couleur qui s’accorde avec le néon
cinquante hertz collé comme une ventouse
afin d’éclairer le comptoir formica bois

un autre choix et plus de passoires chez
Wibau des éponges de toutes les couleurs
quelques boîtes de conserve du nettoyant
à tout et des insecticides d’ailleurs un
pharmacien s’est installé dans l’affaire

de l’autre côté de la route avant que n’
apparaisse une banquière dans une robe à
fleurs une fille un tel il y a une place
de poussière rouge et sur la place plein
d’avions sur le dessus des cockpits leur
peinture s’écaille on voit la rouille en
dessous à force de frotter sur le ciel à
force de frotter sur les nuages de pluie
un avion révolutionnaire le réacteur est
dans le pif mais l’avion va tout de même
dans le bon sens comme sous l’effet d’un
mécanisme de traction avant turbo mazout

en face de chez Wibau de l’autre côté de
la vitrine encadrée de jaune se court le
tiercé à cochons Manette se tient droite
dans sa popeline beige le sac à main sur
le côté la fermeture aux fines pincettes
des pincettes sur peau de chevreau de la
belle ouvrage de maroquinerie du genre à
faire la réputation d’une entreprise ras
le bol de la course à l’échalote vidée à
l’hiver qui commence pas de quoi parader

elle Manette tient debout au beau milieu
du cadre qu’elle irradie comme le soleil
sur une image d’Épinal et la pluie tombe
sans gâter le papier cela se passe ainsi
la foule son décor l’espace du clic elle
a donc misé sur le plus beau des cochons

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posted by Lucien Suel at 07:17