samedi 29 novembre 2014

Il pleut ou il fait beau... (35)

« Tu trouves que c'est une mission à succès ! D'écouté
rien, pas d'enregistré et tu savoures à qui mieux mieux !
Déconnes à rouler des cônes, inondes Manacoa en racontars sur ondées,
que garages offrent au passant mutisme de leur rideau métallique muet,
programmes ta fin misérable en bagarres sordides sous des palmes exotiques
pour des feuillets envolés, feuilles de papier collées sur un mur
mais du mot disparu aucune trace alors que plumes d'autruches... »
ventilent l'aéré qui se la joue jolie peau, tissus restaurés,
et doublent l'efficacité anti-âge de tous ses soins du visage,
je sais ! mais n'avoir pas trace du disparu est rationnel,
de l'apparu aussi et non du paru et du paraître,
si je cherche mot disparu, j'ignore comment il est apparu ;
debout las entre rideaux tirés et fouillures en poche de soie,
imper sur le dos mouillé avant plis en fenêtre – ou après –
ciel noir, prêt à ressortir pour abriter sous porche en face
mon corps dégouttant et c'est alors que tu entres ;
mot en main apparaît et s'évapore en poche, un trou,
il y a un trou, pas avant ni après mais pendant,
pendant qu'il est présent car son contenu m'est inconnu,
lu ou pas, l'écrit je ne m'en souviens pas
et c'est ça qui me rend complètement floues les franges.
« Comme riches veuves aux allures de douairières en terrasses de Manacoa,
viens plutôt siroter cocktail, griller cigare en intérieur, écroulé en faste
et en vaste fauteuil, avant passer à table – tu sembles las. »

à suivre...
« Il pleut ou il fait beau tout le temps au début », un feuilleton de St. Batsal(le pôle qu'elle nie)
ce texte n'est pas tiré d'un vrai fait divers, de même que toute ressemblance, y compris en URSS.

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vendredi 28 novembre 2014

Poème express n°538

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jeudi 27 novembre 2014

LA FATIGUE DES SENS par Hélène Leflaive 31

Son frère lui voulait du mal.
Cette idée lui était venue en jouant au foot.
Il avait glissé sur l’herbe.
Au lieu de l’aider à se redresser,
son frère s’était penché vers lui avec un air bizarre.
Ils étaient restés un moment dans cette position,
à s’observer sans rien dire.

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mercredi 26 novembre 2014

Lien social - poème bouture

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mardi 25 novembre 2014

VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 7/19



Au début, c'est un vol nuptial dans le jardin, un vol de papillons blancs sur les planches, entre les lignes, couples marivaudant, slalom aérien, rase-mottes, loopings dans les yeux émerveillés du petit garçon. L'innocence consommée au creux d'une feuille, accouplement béni par l'ombre des crucifères. La famille des choux, choux de Bruxelles, choux de Milan, choux quintal d'Alsace et choux cabus. Pauvres petits choux, on ne leur a pas révélé le secret, la naissance à l'abri de leurs feuilles, petits œufs jaunes déposés par les piérides, œufs cachés, collés sous le lourd feuillage vert. Et vient le jour de la naissance dans les choux, l'éclosion des grappes de chenilles, bébés se tortillant dans l'ombre, des centaines de mandibules à l'assaut de la nursery, mâchant, forant, transformant la chair du chou, petites crottes vertes entassées à l'aisselle des feuilles, sur le squelette à venir.

Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel 
Traduction en néerlandais par Johan Everaers

 Het begint in de tuin met een  bruidsvlucht, een vlucht  van witte vlinders boven de bedden, tussen de gespannen draden door, uiterst sierlijke paartjes, slalom in de lucht,  scheervlucht en loopings in de verbaasde ogen van het jongetje. De onschuld geconsumeerd in de holte van een  blad, een snelle paring waar de zegen op rust van de kruisbloemigen. De koolfamilie, spruitkool, savooiekool, rode kool en witte voor de zuurkool. Arme kooltjes, men heeft hun het geheim niet verteld. De geboorte in de beschutting van hun bladeren, kleine gele eitjes afgezet door de koolwitjes, onder het zware groene blad geplakt, de verstopte eitjes. En dan breekt de dag aan van de geboorte in de kool, dan komen de trosjes rupsen uit, baby’s die kronkelen in het duister, honderden bekjes die  in de kinderkamer overgaan tot de strijd, borend en kauwend verwerken ze het groentevlees van de kool. Kleine groene keutels op hoopjes in de oksels van het blad en niet veel later skelet.

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lundi 24 novembre 2014

Collage de Claude Pélieu (18)

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samedi 22 novembre 2014

Il pleut ou il fait beau... (34)

Le galbe ferme de ses cuisses contraste avec sa frimousse préoccupée,
short noir, fin pull violet serré en taille par large ceinture
elle écoute en fauteuil de rotin retour de mission à succès.
« Alors officine échographique n'est que couverture ! Vengeance est son but,
des représailles en mémoire de son frère mort boucher par pendaison
et tu dis qu'il aurait sonorisé moumoute de l'aéré ?
Que se passe-t-il sous croûte, c'est stéréo ? Vous avez écouté ? »
Elle me tend un drink – choukrane. Mais avant compte-rendu, pourquoi ceinture
large sur ventre bombé ? Ta cloque animée est à préserver prioritaire.
« Je ne la porte qu'allongée. Raconte cette tempête sous crâne. »
Ses yeux pâles réverbéraient les reflets de son blouson de moto,
il s'est approché du récepteur et soudain bruine tombait,
l'aéré devait déplacer son gras en extérieur : crépitements des hauts-parleurs,
moumoute bruissait sous petit crachin propice à la mélancolie, aux dépressions,
alors on a fumé et regardé en fenêtre la rue luire,
confondu flaques de pluie et lumières, ville de Manacoa se déformer.
Un instant j'ai vu un papier au sol humide collé
et me suis dit c'est celui recherché – c'était loin,
dehors, et mains enfoncées en poches m'auraient empêché de ramasser.
« Publication subversive » a dit à couvert perruquier en blouson de cuir,
alors je n'ai pas déplacé mon corps mou en fatigue.
Il a plissé la bruine en fenêtre avec le rideau tiré,
argué de sa salle d'attente, des masques grimaçants à échographier.
Front baissé, mains en poche, le pas désœuvré, j'ai progressé
le long des façades alors que logiquement Manacoa est sous soleil.
à suivre...
« Il pleut ou il fait beau tout le temps au début », un feuilleton de St. Batsal(le pôle qu'elle nie)
ce texte n'est pas tiré d'un vrai fait divers, de même que toute ressemblance, y compris en URSS.

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vendredi 21 novembre 2014

Poème express n°511

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jeudi 20 novembre 2014

LA FATIGUE DES SENS par Hélène Leflaive 30


Au fil du discours,
ils comprenaient
que les gens qui les entouraient
avaient des idées
différentes des leurs.
Quand ils avaient interpellé leur voisine
qui semblait une vieille dame sympathique,
elle leur avait décoché un regard hostile.
Ils avaient envie de quitter la salle
mais cela aurait donné l’impression de reconnaître leur
erreur de jugement.
Pourtant ils savaient qu’ils avaient raison,
que ce qu’ils pensaient allait dans le sens du progrès
et que cette évolution finirait par s’imposer à tous.

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mardi 18 novembre 2014

VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 6/19


Jetées sur le jardin, entortillées aux herbes, les longues ramures ébranchées des saules. Leur peau avait bruni, elle s’était soulevée par endroits, offrant l’abri aux cloportes, cochons de saint Antoine, aux forficules, perce-oreilles. Avec le printemps, le jardinier arrive. Il se penche sur elles, fines branches mortes des saules. Il emporte dans ses bras, le long fagot. Il les plante face à face, les incline l’une vers l’autre. Alignées, redressées, les branches sont le tipi, le tipi des haricots. Triangle isocèle, triangles isocèles pointés au ciel. Les triangles sont réunis par la plus longue perche. A l’horizontale, en hauteur, le jardinier les attache. Long squelette vertébré de bois mort, c’est le grand tipi des haricots à rames, la longue maison des haricots. Au pied de chaque branche, ils sortent une crosse verte, poussent, s’élancent en tournant au bout de leur tige, hélices vivantes.
Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel 
Traduction en néerlandais par Johan Everaers
In de tuin gegooid, geheel onder het onkruid, de lange takken van de gesnoeide wilgen. Hun bast was bruin geworden, hier en daar opgezwollen, een schuilplek biedend aan pissebedden, zeugjes, oorwormen. Met de lente komt de tuinman. Hij buigt zich over hen heen, de dunne dode wilgenstokken. Hij draagt onder z’n arm de lange takkenbos. Hij poot ze tegenover elkaar, buigt ze naar elkaar toe. Op een rij overeind staand zijn de takken een tipi, een bonentipi. Gelijkbenige driehoek, gelijkbenige driehoeken met de punt hemelwaarts. De driehoeken worden bij elkaar gehouden door de langste stok. De tuinman bindt ze op hoogte aan de horizontale lijn. Een lang gewerveld skelet van dood hout, dat is de grote tipi voor de stokslabonen, het lange huis van de bonen. Aan de voet van iedere stok steken ze een groene kiemplant boven de grond, groeien en schieten rond hun tak draaiend omhoog, als levende propellers.

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lundi 17 novembre 2014

Collage de Claude Pélieu (17)

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samedi 15 novembre 2014

Il pleut ou il fait beau... (33)

J'y vais. J'y suis : l'ordonnance était un sous-message
pour me conduire en officine ; à l'accueil secrétaire m'attend.
Autour de son poignet tourne une montre au bracelet de métal
– je suis dans un porno ? échauffé je me demande en tête,
mais ses ongles sont réguliers et vélocité rend le cadran flou,
à l'inverse des durs travailleurs où l'heure est fixée
le temps du jouir, pas du faux cuir qui se détend.
Je fais le lien entre son poignet trouble, avec le métal
et ses ongles laqués, sors de ma poche ordonnance – le sous-message –
agite le code entre mes doigts et comprends avec ses paupières,
que lente elle a baissées comme des lèvres puis soulevées longtemps :
je dois m'approcher d'elle, j'avance : « il a plu,
elle dit, impossible d'échapper à cette malédiction humide et lugubre,
elle s'appesantit les soirs d'hiver où vents d'ouest
noient Manacoa dans une brume ruisselante et sinistre, venez étendre imper
en consultation ». Je suis les faux-jumeaux que ses talons font naître,
des moues se peignent sur visages en salle d'attente tapissée,
logique : ultime arrivé, je passe devant avec secrétaire en blouse blanche.
Un couloir traverse et la méfiance me fourre mains en poches,
c'est comme si on sortait ; d'une porte on débouche,
où elle s'immobilise et tire soudain un rideau, un souffle
et, pour cause des deux mains fourrées, lumière blanche m'aveugle.
Le temps de retrouver les arêtes des meubles infirmière a disparu.
Avancé en inconscience, bruit d'anneaux sur tringle me fait bondir,
je me retourne : l'homme a peu d'un séducteur latin,
maxillaires solides, nez droit, bouche virile et rides sur tempes grises,
dos au rideau tiré, son visage dur me dit quelque chose :
« je suis le frère du boucher, les moumoutes c'est moi ».
à suivre...
« Il pleut ou il fait beau tout le temps au début », un feuilleton de St. Batsal(le pôle qu'elle nie)
ce texte n'est pas tiré d'un vrai fait divers, de même que toute ressemblance, y compris en URSS.

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vendredi 14 novembre 2014

Poème express n°510

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jeudi 13 novembre 2014

LA FATIGUE DES SENS par Hélène Leflaive 29

Elle avait cessé d’utiliser
sa main gauche.
Ses gestes quotidiens en étaient transformés :
s’habiller, manger, ranger ou porter des choses ;
chaque jour, elle trouvait de nouvelles astuces
pour faire son travail
en se servant uniquement du côté droit.
S’il lui arrivait ponctuellement de demander de l’aide
pour se couper les ongles ou enfiler un gilet,
elle avait le sentiment général
de développer ses capacités physiques et sa réactivité.
Ce qui était réjouissant c’était la sensation
d’avoir un membre supplémentaire
à n’utiliser qu’en cas d’urgence.

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