mercredi 11 juin 2014

Colonnes dénudées (15)

CHANT DU SIGNE ICONIQUE

II

Le soleil mycologique a
brûlé l'eau potable. Il
a calciné le silex. Les
chairs puériles se sont
évaporées à l'Orient et
les techniciens radieux
améliorent sans faiblir
la décomposition de nos
enveloppes carboniques.

Toi qui, diagonalement,
caresses les photons de
cette page issus, ô toi
qui cloisonnes ton goût
et ton dégoût, incruste
dans tes blessures trop
mal soignées l'onguent,
la pommade, le gel uval
de l'illumination drue.

A cet âge, il est temps
de braquer la banque de
données vocifératrices.

L'urgence est donc dans
la lenteur et je me tue
lymphatiquement. Toutes
les locutions sont dans
la soute à ramage. Tous
les substantifs rampent
dans la cale viciée. La
pyorrhée publicitaire a
corrompu le vocabulaire
sacré. Encore, en corps
on pue avant le lard du
hardcore qui grouille à
toison sur les plateaux
d'extase cathodique car
mon corps sage déborde.

La Communion des Saints
est à l'ordre du jour :
ISIDORE DUCASSE, front.
WILLIAM BURROUGHS, nez.
ARTHUR RIMBAUD, menton.
LÉON BLOY, hémoglobine.
CHAMFORT, coronarienne.
JACK KEROUAC, fémorale.
J.K.­ HUYSMANS, cubitus.
BAUDELAIRE, quadriceps.
VLADIMIR NABOKOV, yeux.
CIORAN, oxyhémoglobine.
APOLLINAIRE, encéphale.
PAUL­ VERLAINE, humérus.

Au terme de la douzaine
apostolique, le numerus
clausus intervient. Les
colonnes vacillent sous
la pression du vent fou
alliée à celle des mots
d'ordre de la biologie.

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posted by Lucien Suel at 09:32