mercredi 5 mars 2014

Colonnes dénudées (1)

ATARAXIE TUBULAIRE
Alors même que tous mes orifices vitaux
étaient diaphragmés
par la contraction naturelle des fibres
irriguées de rouge,
les coulures de mes glandes salivaires,
le mucus laticifère
de la déchirure qui balafrait le polype
broncho-pulmonaire,
tout se versait dans l'oesophage annelé
de muscle reptilien
dont l'extrémité gantait le verrou tiré
du cardia stomacal.


L'injonction sympathique recommanderait
l'ouverture du sac.


Rien n'empêchait le remplissage saumuré
de ce récipient mou
qui était réellement le centre lumineux
où mon intelligence
puisait la matière des discours sensés.
Là, mes verbes crus
se métamorphosaient dans l'humeur grise
du lent écoulement.


Le flux intestinal charriait la pensée.


La lumière omnivore
tapisse l'intérieur de mon estomac usé.


Mon âme chavire nue
dans le courant permanent de la viande.

Chair se fait verbe
en moi, entre nourriture et pourriture. 


Colonnes dénudées (1994) fut mon premier recueil de poèmes en vers justifiés (ou arithmogrammmatiques)

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posted by Lucien Suel at 07:39