lundi 13 août 2012

MINUTES DE SAMPLE MÉMORIAL (2/3)

Ces « MINUTES DE SAMPLE MÉMORIAL » sont le résultat d’un cut-up réalisé à partir de deux textes originaux : « Lieds funèbres », au début des « MINUTES DE SABLE MÉMORIAL », premier livre publié d’Alfred Jarry, et les premières pages du « FESTIN NU », en anglais « NAKED LUNCH », le plus célèbre roman de William Burroughs, inventeur du cut-up.
Outre le fait que ces deux écrivains ont exercé sur nous une forte influence, nous avons noté d’autres convergences entre eux. William Burroughs, décédé en 1997, partageait avec Alfred Jarry une même misogynie, et comme lui, éprouvait un attrait certain pour les opiacés. Nous ne savons pas si le Docteur Benway, personnage très ubuesque du
Festin nu, aurait sympathisé avec le Docteur Faustroll, mais nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que le premier volume collectif consacré au cut-up et qui réunissait des textes composés par Burroughs et ses amis fut publié en 1960 à Paris sous ce titre : « MINUTES TO GO »...


II

Corbeaux graves. « Que le billard électrique, avec des reflets de grand œil glauque du ciel compatisse, dis-je d’une voix dramatique, il m’a fariné. » Et les Croix restèrent les bras étendus de gris camé sur sa manche d’alpaga couleur. Pleurs blancs de la même seringue. Grands sacs que vident des meuniers à sa piquouse de braise...

La manne fait blanches les rougeâtres, les mouchards. C’est généralement l’horizon sur toute la terre de l’héroïne.

Tu as déjà assisté le Saint-Accroupi ; vu le Boiteux se faire assaisonner. Et les hommes puisent lourdes pelletées avec un miroir truqué de bordel. Fouette au visage, Croix des cimetièresa!

Le départ, le départ honteux, la dose est bien calculée, ça part recta. La famine est là. La Famine sonne seringue pleine de sang coagulé.

Bourdonnements...

Et la neige étend le Boiteux quand il a pris le coup. La famine sonne la plainte de la Mandragore. C’est un petit homme vêtu de poils roux en tandem avec le Milicien, un copain. Ses bras sont tordus et ses doigts à la cheville pour l’escroque pieds. Un trousseau de clefs append les pédés de Lincoln Park. Hérissé de givre, il ne peut croiser ses bottes de cow-boy et gilet noir avec bouche soudée... Castagnettes. il me regarde en disant : « Je suis une plante et ne peux ramper », sort un vieux six-coups tout rouillé, et un lierre sur les hauts piliers me siffle aux oreilles. Il a descendu, tu ris, Homme, mon grand frère.

Les flics, le Milicien — on peut dire : « Hibou aux griffes gantées d’hiéroglyphes, prends-moi pour ton nid, que les truands ont piqué aux couleuvres qui sucent le sang, l’exquis que le sang remplit, qui balance la purée à son micheton ! »
« Mage, tes grimoires sont clos pour écrémer le cave... »
Dans mes yeux il engourdit les fétichistes. Mes lourdes paupières sont faites.
« Fais-toi un cave à la vaseline flots d’or. »

Quand Petit Chausse-Pied repère des paillettes d’or, elles couvriront tes dalles. Les yeux des hiboux m’ont fait souvenir d’un Esquimau en chaleur. Ainsi se lamentent sous l’ombre tremblante l’ectoplasme pourri, le nabot planté. La rafale apporte son ingénu, ça lui brille dans les yeux comme du néon bleu. Va le voir, Humanité !

L’effort figé monte au zénith conservé intact, congelé par la came. Le moqueur flambe comme un phare d’histoires mais la terre me tient par les pieds. Blouson Bleu a de quoi faire dégueuler un rose sombre dans la coupe aux flots. Boule part en galope à travers les flots de nuit noire, et revient braillant : «aReviens, mon gosse éclairé d’étoiles, remporte River et balance à la baille avec lui les mosaïques de journaux qui flottent aux veines bleu de Sèvres, repose très noir dans la vase en compagnie dans la coupe aux flots d’huile rose, flingues maquillés à coups de marteaux, peur de parfum, sur l’enfant qui dort. » Quelque chose vient crier sur la vitre aux copains de chez Clark. Ailes de plume sur la vitre glauque, à se pâmer devant un chien savant aux flots d’huile fauve.
à suivre...

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posted by Lucien Suel at 07:45