lundi 31 janvier 2011

SOMBRE DUCASSE 5

Intermède deuxième

VON EINEM REICH ZUM ANDERN.

L'exubérance insolite des corbeaux
frappait l'imagination des bouteilles.

Et les pleurs parmi les tonneaux
jettent des roses éveillées
sur les dindons hématies.
Regard morose et langoureux des langoustes roses.

Où va donc cette brouette lumineuse ?

Les femmes aux grandes serres d'épervier,
chouettes extrapolaires
parmi les cadavres crochus.

Où va donc cette brouette lumineuse ?

L'exubérance insolite des corbeaux
frappait l'imagination des bouteilles.

Robustes parmi les cannes d'aveugle,
demeures sombres des baignoires amulettes.

La larve Éros hypocrite
bave sa langue
boursouflée.

Où va donc cette lumineuse brouette ?

Des nénuphars naturels dans la voie
du tabouret historique,
des images troussées dans le bleu
des barbes rêches.

Où va donc cette lumineuse brouette ?

L'exacte servitude des savoirs
fumeux et sourds et mâchés.
Silence des carrefours du rêve.

Où va donc cette brouette lumineuse ?

L'exubérance insolite des corbeaux
frappait l'imagination des bouteilles.

"Von einem Reich zum andern", poème surréaliste, a été publié en novembre 1966 dans le n° 1 de LA RIGUINGUETTE (École Normale de Garçons d'Arras, éd.).

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vendredi 28 janvier 2011

La limace à tête de chat (11)


La limace à tête de chat fait demi-tour.

Variante : La limace à tête de chat fait sa révolution.

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jeudi 27 janvier 2011

Le lapin mystique (4)



Le lapin mystique


par Lucien Suel

4





Je réalisai immédiatement combien était
puissant le bras qui nous gratifiait de
ce don empaqueté. Tant était pesant cet
inattendu colis que les forces de Laure
durent s'unir aux miennes pour le haler
jusqu'au pied de l'autel. Haletants, en
nage et le coeur dans la gorge, nous ne
pouvions faire plus. Le zéro musculaire
tourbillonnait dans ma carcasse. Je fis
face à Laure et glissai à genoux sur la
première marche. Laure fit de même. Nos
doigts se joignirent sur le noeud de la
ficelle. Un souffle d'air produisit une
soudaine bouffée d'odeur d'évangéliaire
moisi. L'oeil de Laure brilla et un fin
sourire détendit ses traits. D'une même
aspiration, nous sniffâmes l'exhalaison
papetière. Le cerveau irradié commanda.

Les muscles obéirent. La cocarde céda à
la traction des doigts. Le papier kraft
se déchira en lambeaux qui se tordaient
comme des cloportes sur une pierre très
chaude. Ainsi dépiauté, le paquet était
une simple boîte de bois, ressemblant à
une caisse à outils, jouet d'enfant. Le
couvercle soulevé, j'approchai la lueur
d'un chandelier. La blessure de ma main
gauche bourdonnait douloureusement sous
le bandage souillé de plâtre gris et de
lambeaux agglomérés de poussières et de
déchets de toiles d'araignée. Laure eut
le privilège de vider la boîte ludique.

La nappe mitée de l'autel disparaissait
sous l'étalage hétéroclite des étranges
offrandes. Les flammes grésillantes des
candélabres éclairaient la composition:
de gauche à droite, un plantoir dont la
forme en T majuscule me rappelait cette
passion lointaine qui m'avait tant fait
saigner, un aimant en U qui se collait,
lascif et passif à la fois, au plantoir
dont la pointe émoussée luisait crûment
dans la lueur des cierges, un tubercule
de topinambour encore imprégné de boue,
un lot de clés à pipes roulées ensemble
dans ce qui me semblait être un fragile
sous-vêtement féminin orné de dentelle,
un petit sachet de graines de poireaux,
un gros cube de savon de Marseille dont
les bords arrondis et translucides nous
hypnotisaient à l'instar d'une boule de
cristal ou d'une chaussette pleine d'un
marc de café refroidi. A l'extrémité de
la table, Laure avait installé les deux
derniers présents : un gant de toilette
mystérieusement gonflé et fermé par une
faveur bleuâtre, une enveloppe de petit
format et de couleur noire. Je ramassai
le gant. Laure saisit l'enveloppe. L'un
dénoua, l'autre décacheta. Je défaillis
presque en sortant du gant de toilette,
les deux pattes de lapin que l'étranger
y avait glissées. Laure me montra alors
sa propre découverte : une mince plaque
fluorescente de pain azyme sur laquelle
était imprimé ce seul mot : "MANDUCATE"
en lettres gothiques noires liserées de
rouge. Le sens de tout ceci m'échappait
totalement. Je donnai une des pattes de
lapin à Laure qui la glissa dans le col
de son corsage. Après quoi, elle rompit
la plaquette en deux, m'offrant la part
marquée MAN. Elle ouvrit la bouche pour
manger le deuxième morceau. Je l'imitai
sans peur. Le pain avait un goût acide.

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mercredi 26 janvier 2011

Silo (56) James Lee Burke

James Lee Burke, Heartwood.
Rivages / Noir, 2005.
Je veux parler d’un vent qui te récolte ton coton, qui décape la peinture de ton silo et qui transporte ta maison dans le comté voisin, tout ça gratos. (p 428)

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mardi 25 janvier 2011

Mécanothérapie

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lundi 24 janvier 2011

SOMBRE DUCASSE 4

CHAPITRE II
LE CALENDRIER DANS LA CHAMBRE DE SES PARENTS.

JAN
garçon nu sur la planète dont il était amour indignation sur la mer virage madame du service contentieux merde en soprano victor écho eulalie c'est pourquoi wa wa wa wa wa wa mais il y a mieux pois bravo dany motrice cornet de frites hurlement

FEV
sagittaire chut boum crépitement des saucisses deux ballots de paille en guise rémouleur tea-accident double hidalgo de monde sec sec le cal quelques-uns de leurs plus probants succès lycée dans la chambre de ses parents

MAR
ô parfum dans l'entre-jambes ruby lee ruby lee ô du rare très grave à la mort c'est tout kwa kwa kwa formulation différente fin janvier chose sonore matériel de nuit le ruban violoneux colombophile c'était inscrit des ccp ccp cccp cccp ccp

AVR
dans la presse de guitare chromosomesque pisse le sol noir dur barracudas dans la neige et pourquoi pas cg cg cg colonne verte hue dada hua dada drinn drinn monsieur mutant opération orl harmonium under wood futé affolement ô ô ô szegorov plaxiglas

MAI
hélianthe sur l'ordure syldave voix salivées sur les ondes électro lamentin lamentable morticliques vulcanologues et ainsi des heures pas besoin d'étudier la dactyligalogriphie laboratoire so gesellschaft amen la barbaque la barbade & le triangle de

JUI
bitangore beaucoup d'avions à jamais mémé écoulant des salives sur les plastiritrons potirons des musiciens en joguaguette ou la la avec les anciens combattants algériens de la journée continue tue tue tue tue tue tue tue the mexicain dans un transi

JUI
brrrrrrrrr store en bois wa wa wa wa wa wa wa wa j'ai rarement lu quelque chose d'aussi intéressant laboratoire des analo différentes surgies L su est écrit vain lüger en main érésypèle vert pire rose ô ô ô et c'est là toute

AOU
la différence avec celui qui prend le train pour pari considérez le texte ci-dessus 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 nonante pour cent des français interrogés et c'est là une noue vêle écriture chose dernière pour les enfouacés stylos ernesto castro ernestol

SEP
castrol durée infinie or je ne lave les dents de personne krieg alévourabié une mégatonne et le vent tourne sur vous ossidents occis dentaires pharmaciens du vide l'écrivain a une fonction ou joue un rôle répondez cg ne répond plus dans le match sondage

OCT
sous fresque accept question quatre vin pour sang des francs sait interrogés garde à vous sous les fenêtres section locale endormis sous les algoliens contrôle total. appesantissez les parkmaîtres de l'esprit une fois déjà vu

NOV
digitalement vôtre abîme restez restez restez rrr rrr rrr rrr rrr ralévourabié alévourabié sinistres pandores de la farmacopée mondialiste chut chut se tordre se tordre ssssssssssssss sssssssssssssssss sssss TEKNIK UBU BORO PIKNIK RATA SUSU TOTO

DEC
NUNU COCO BEKNIK BIKNIK PAPA PRAKTIK TOUTOU CACA TUTU LOLO PEKNIK HAHA CUCU LOLO KAKIK ZAZA SERPENT SUR LES SUCE-TRIPES ET NAVETS IS T-EN BOULES CONSTANT TINETTE BLOUC BLOUC... Vous venez d'entendre la vingt-troisième prédic(a)tion de nostroudanus...
dormez je le veux

"Le calendrier dans la chambre de ses parents" a été publié en 1979 dans la revue ANATOLIE AU CAFÉ DE L'AUBE, N° 9/11 (Thierry Tillier, éd.) Ce texte a été l'objet d'une adaptation sonore sous le titre "Laboratoire 23" dans la cassette IN HYMNIS ET CANTICIS.

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samedi 22 janvier 2011

po m vi suel

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jeudi 20 janvier 2011

Le lapin mystique (3)



Le lapin mystique


par Lucien Suel

3





Laure m'aida sans dire un mot. Je suais
comme un terrassier. Le soir tomba avec
lenteur. Je respirais le parfum élyséen
de Laure, accoté au dossier, les genoux
calés au mur chaulé. J'avais l'horreur,
le dégoût des usages du monde. Le bruit
d'un moteur d'automobile traversa notre
méditation. "Votre force sera dans leur
silence." J'étais toujours aussi moulu.

Les morceaux ne s'ajustaient pas. Gorge
sèche, cotonneuse, serrée, nuque raide,
j'aspirais à la pureté, craignant juste
la trahison sensorielle. De fait, toute
l'argumentation de la défense se basait
sur la présence des justes et l'absence
des vierges. Le lapin était convaincant
lorsqu'il me parlait en remuant son bec
sans bruit. J'avais déchiffré le secret
de la novice. No vice ! Je m'appuyai de
ma main valide au bras du fauteuil tout
en soulevant mon arrière-train et ainsi
équilibré, je me levai, muscles mous et
cuisses tremblantes. Oreilles et paumes
tournées vers la porte, un glaive acéré
dans mon cœur douloureux, j'attendais.

Le moteur hoqueta, puis se tut. La clef
tourna dans la serrure. La porte bâilla
lentement sur l'huile pure et douce des
gonds d'acier. Le frais visage de Laure
pâlit. Par la porte de la chapelle, une
main gantée de blanc jeta un paquet sur
le parquet encore maculé du sang versé.

Depuis trois heures, la porte refermée,
dans la nuit obscure, avec Laure assise
à mon côté droit, je captais du paquet,
l'étrange chaleur et luminescence bleue
et orange qui en émanait. Abandonné sur
le parquet, entre le portail et l'autel
désaffecté, le colis avait un parfum de
mort spirituelle. Laure pétrissait sans
cesse ma rotule droite à travers le sac
de jute qui recouvrait mes genoux. Nous
apercevions à travers le plâtre écaillé
du plafond voûté, un mouvement onirique
de nuages gris poussés par un fort vent
d'ouest. Le tout venait au néant. Il me
fallait agir. La ficelle de sisal nouée
en croix m'attirait. Laure arrêta de me
malaxer. J'étais curieux comme un jeune
enfant qui trouve le monde des fourmis,
sous une pierre, dans le jardin sauvage
du bon lapin. Rampant sur le parquet en
écartant de mon passage les agglomérats
plâtreux, je m'approchais humblement du
cadeau rayonnant. De nouveau, je suais.

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mercredi 19 janvier 2011

Faux pi(s)

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mardi 18 janvier 2011

Entretien Suel-Courtoux


Sur Poezibao, un entretien avec Lucien Suel par Sylvain Courtoux.
Entretien réalisé par courriel et courrier pendant le second trimestre 2004.
Merci à Florence Trocmé.

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lundi 17 janvier 2011

Bandes-annonces

We could say trailer ou teaser (not tazer), mais nous préférons bande-annonce, deux bandes-annonces réalisées par les auteurs. La première est de Jean-Pierre Ostende pour son roman "Et voraces ils couraient dans la nuit".
La seconde est de Gilles Weinzaepflen pour son film "La Poésie s'appelle reviens" dans lequel on entend et aperçoit (entre autres) Ivar Ch'Vavar marchant sur la plage de Berck...



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samedi 15 janvier 2011

Silo (55) James Lee Burke

James Lee Burke, Le boogie des rêves perdus.
Rivages / Noir, janvier 2006.

Il disparut tout bonnement, à un moment ou à un autre, au passage d’une frontière invisible qui n’avait rien à voir avec une délimitation géographique précise, avant que j’arrive à Dalhart et Texline, où les silos à grains se dressaient tout gris sur fond de ciel brûlant et de nuages de poussière, pour finalement atteindre Raton, Nouveau-Mexique. (p 74)

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vendredi 14 janvier 2011

Natural Borne Killer

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jeudi 13 janvier 2011

Le lapin mystique (2)



Le lapin mystique



par Lucien Suel





2.
Laure logeait dans les ruines feuillues
d'une chapelle dédiée à Sainte Thérèse.
Au fronton, se déchiffrait lapidaire et
gothique, l'inscription : "La grâce est
répandue sur vos lèvres". Elle avait ce
bikini noir, mouillé contre sa peau. Je
perdis connaissance lorsque s'ouvrit sa
bouche large, chaude et caressante. Mon
coeur n'a pas trouvé depuis une langue,
une plume pour dire sa souffrance. Puis
le jour se leva, les arbres et légumes,
les pierres et graviers se chauffèrent.

Les collines s'enveloppaient de vapeurs
pourpres. Quelle douceur dans la voix !
Quelle discrétion dans l'ouïe ! C'était
aussi la modération dans la démarche du
corps animé, attentif à l'équilibre des
osselets internes, ineffablement réunis
dans le pavillon rose et poilu du lapin
immaculé. J'avalai six tasses de café à
la suite. J'étais devenu un clochard du
monde spirituel. Dans l'ambulance, j'ai
reçu une autre couverture. Le sacerdoce
était une prothèse. Le patron de Laure,
chirurgien du dimanche, m'avait réséqué
la côte. Mon sac était plein, pourtant,
je me sentais alerte. Le monde était de
nouveau devant moi. Courage ! Devenir à
terme une poussière léchée par la fille
de l'air, cela me plaisait. La couverte
roulée sur les os, je courais autour de
la chapelle à la recherche d'un signe à
interpréter. Je le trouvai sur l'autel,
parmi les chandeliers vermoulus et déjà
moisis : un clou de charpentier rouillé
et un marteau. Allongé sur le sol, main
gauche en supination, de la main droite
frappant jusqu'à ce que la tête du clou
s'incrustât légèrement dans la peau, je
suais abondamment. La soif de la mort à
venir nous rendait parfois méprisants à
l'égard de tout ce qui plaît à la verte
nature. Dehors, la pluie redoublait. Je
calquais l'arc de mes épaules sur l'âme
du plancher. Le pied de biche de Laure,
manié d'une main sûre s'insinuant entre
mon annulaire et mon majeur, chatouilla
le dos de ma main. L'arrachement fut un
miracle de mortification. Debout, j'eus
un éblouissement dont je me protégeai à
l'abri de ma main alvéolaire. Et je vis
Laure, icône digitigrade, à travers les
filtres doubles de mes larmes et de mon
membre stigmatisé. Nous étions hagards.

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mercredi 12 janvier 2011

Ours belge

Ours de Belgique avec un verre de bière

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mardi 11 janvier 2011

Dare-dare Alfonsina

Les habitué(e)s de Silo connaissent Alfonsina Vandenbeulque et sa technique poétique consistant à démarquer des poèmes d'Arthur Rimbaud.
Nous avons présenté ici :
L'Éternit d'après
L'Éternité
Mes troènes d'après
Ma bohème
Oraison au marteau d'après Ô saisons, ô châteaux
Qu'on sonne d'après Voyelles
Nous clôturons cette série d'Alfonsina Vandenbeulque avec Dare-dare d'après l'énigmatique Barbare.

Heureux sommes-nous de publier ce cinquième poème en cette journée du 11-1-11, date digitale, quinte, symétrique et palindromique !

DARE-DARE


Bien après les cours et les maisons, et les jardins et les boucheries,
Le bouvillon en cendres fumantes sur le parvis de briques et les branches d'aubépine ; (elles ne piquent pas.)
Vieilles cuisines des hospices croulantes - elles nous attaquent encore l'estomac et les boyaux - loin des abattoirs fanfarons -
- Oh ! le bouvillon en cendres fumantes sur le parvis de briques et les branches d'aubépine ; (elles ne piquent pas.)
Soudeurs !
Les brasures, crissant aux brûlures des chalumeaux, - Soudeurs ! - L'or amalgamé au cuivre dans ce faux veau de métal lourd dressé par la lie terrestre éternellement fondu pour nous. - O suif ! -
(Loin des maisons de retraite et des vieilles bouchères inactives, qu'on respire, qu'on sent,)
Les brasures et les soudures. La graisse décapante, odeur de soufre et choc du marteau sur le bronze.
O Soudeurs, ô suif, ô gras ! Et là, les os, les sabots, les poils et les dents du veau, vomissant. Et le saindoux blanc, bouillant, - ô soudeurs ! - et la voix suave des bouchères susurrée au fond des faitouts et des cocottes en fonte.
Le bouvillon...
Alfonsina Vandenbeulque

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lundi 10 janvier 2011

Mont Saint-Eloi 2007


Mont-Saint-Eloi

Mont Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois,
la colline
qui culmine
à 120 mètres, à quoi on ajoutera la hauteur des tours de l’abbaye.

Mont-Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois,
La place herbeuse.
Entre les taupinières de terre collante, les premières fleurs de pissenlits et de pâquerettes tremblotent, à deux pas d’un tracteur fumant et d’un camion frigorifique bourré de barbaque, en face du Café de l’Abbaye.

Mont-Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois,
Grands peupliers
noirs, dénudés.
Vers l’ouest, la croupe des bois se frotte à la chaussée Brunehaut.
Autour des censes isolées avec leurs portes à claire-voie, leurs pigeonniers en briques,
les Collines d’Artois se soulèvent sous le soc des charrues.

Mont-Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois,
Maisons rouges blanches et bleues, silex des soubassements, pierres calcaires quadrillant les murs. Pignons en épi. Tuiles rouges ou ocres vibrant sous le soleil glacial.
En 1208 on avait planté un vignoble sur la pente méridionale du Mont Saint Eloi, mais il fallut l’arracher, il donnait trop peu de bon vin pour beaucoup trop de travail.
Aujourd’hui, sur la place, l’auberge et l’abreuvoir sont toujours là.
Les époques se télescopent dans les noms des rues,
la rue Roger Salengro et la rue de l’église,
la rue des Nobles et la rue de la Nation.
18-81, palindrome sur un porche.
Le dernier aura été 20-02
et le prochain sera 21-12. Qui le remarquera ?
Les maisons rouges blanches et bleues s’étagent sur tout le pourtour du Mont, sauf devant les tours en ruines de l’église abbatiale, où finissent par se réunir petit à petit, mort après mort, tous les habitants du village, dans le cimetière communal à l’ombre des tours.

Les fenêtres trouées des tours
sont des passages
vers le futur,
vers le passé,
portes vers d’autres galaxies,
portes de science-fiction.
Les oiseaux, choucas et pigeons, braillent dans les ruines, caquetage insensé.
Juste à côté, un hangar. Le toit de tôles ondulées arraché par la dernière tempête pend misérablement dans le vide.
Des projecteurs éteints dardent leur gros œil blanc au bas des murs.
Le vent balaie la plaine vers Arras.
Au loin, au sud, les autres tours : les Blancs Monts, immeubles H.L.M. d’Arras, quartiers, banlieues, cités, barres et résidences.

Mont-Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois,
Dans le cimetière, les tombes. Les Christs brisés, la Vierge des douleurs,
l’écho des combats de mai 1940,
le 4ème régiment de dragons portés,
tombés,
enterrés,
oubliés.
Devant les soldats inconnus, les pigeons anonymes roucoulent, les chiens attachés aboient.
Proche des ruines, une clôture faite d’anciennes traverses de chemins de fer, dressées à la verticale comme des stèles funéraires.
Dans l’enclos de la ferme voisine, les oies pataugent dans la boue en attendant la commercialisation de leurs cadavres déplumés.
Sous les tours, le visiteur se déplace autour des amas de crottes de pigeons séchées, et déchiffre des inscriptions sur les pierres « MORGANE 2007 » «aNTM. » « MB=SL ».
Plus loin, il est informé de la réhabilitation prochaine de la salle Hamilton, Mary Riter Hamilton, Canadienne, peintre des champs de bataille de la Grande Guerre.
Juste en face, vestiges du service public : une cabine téléphonique à pièces, une boîte aux lettres jaune, le garage des pompiers, l’abribus comme mini-maison des jeunes.
« Clara et Arthur recherchent personne motorisée pour venir les chercher chez leur nourrice. »

Mont-Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois,
Le parvis de l’abbé Vidril,
l’église de Mont-Saint-Eloi,
MONS SANCTI ELIGII
Paroisse Notre-Dame des Tours,
la paroisse des Montéligéens.
Que sont devenues les reliques conservées ici : cette vertèbre de Saint Vaast, cet os de Saint Eloi, les reliques de saint Vindicien et aussi cette épine de la couronne du Christ offerte par Saint Louis ?

Au VIIème siècle, Saint Éloi, évêque de Noyon-Tournai établit son ermitage ici, ici sur le Mont Alban ou Mont Blanc,
loin de penser qu’il porterait son nom, et qu’un géant Dagobert en osier et carton en ferait le tour un jour...
D’autant que les Vikings détruisirent l’ermitage.
Ensuite vient
le disciple d’Éloi,
Saint Vindicien,
dont la tombe recouverte de ronces, de terre et de silex fut redécouverte en 929,
miracles prières pèlerinages monastère
et commence la vraie gloire du Mont Saint-Eloi.
Le chanoine Dom Georges Wartel, moine sous le nom de frère Géry, rédige en 1786 les chroniques de l’abbaye. Il ne sait pas que quelques années plus tard, son successeur sera guillotiné avec six de ses frères moines.
Le monastère aura été détruit et reconstruit plusieurs fois au cours des siècles jusqu’à cette révolution qui portera le coup final,
rasant quasiment
tous les bâtiments.
Le monastère et son enceinte deviennent une carrière de pierres.
Le quartier abbatial, seul bâtiment restant,
est converti
en brasserie
mais il n’y a plus de moines
ni pour la prière
ni pour la bière
comme chez nos voisins belges.
La besogne s’achèvera en 1915.
Coup de grâce.
Les deux tours de l’église abbatiale découronnées par les bombardements allemands pendant les combats avec l’armée britannique.
Toute ressemblance avec des évènements futurs est inappropriée.

Mont-Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois,
On disait que l’enceinte du monastère était assez grande pour contenir la ville de Béthune. Imaginez les deux tours de l’église abbatiale sur la grand place de Béthune de chaque côté du Beffroi.
Un projet d’architecture post-moderne.
On pourrait même demander à Christo de venir les emballer.

Imaginez aussi tous les habitants de Béthune, du centre-ville et du Mont Liébaut, rassemblés ici sur le Mont Saint-Eloi.
Un projet d’art sociologique.
Z’arts up on the hill !

Les coureurs en livrée multicolore se rassemblent pour les foulées des tours de Mont-Saint Eloi, le tour du mont en moins de 80 jours, une procession pour un Jéricho à l’envers, la sonnerie des trompettes et les klaxons des voitures pour relever le mur d’enceinte.

Mont-Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois,
Le visiteur traverse la chaussée Brunehaut.
A Ecoivres,
les marais de la Scarpe,
la flèche à crochets de l’église,
La motte féodale,
le stade de football,
le chemin à travers le bois,
la source,
le moulin à eau,
le château d’eau
le cimetière militaire d’Ecoivres et ses milliers de soldats morts :
Canadiens, Anglais, Français,
quelques Allemands.

Ecoivres encore,
Pour les pierres jumelles !
Court circuit temporel !
Les pierres jumelles, les menhirs d’Ecoivres, sont peut-être un monument symbolisant la réunion en 1820 des deux communes d’Ecoivres et Mont-Saint-Eloi.
C’était le projet artistique de quelques sculpteurs visionnaires de l’âge mégalithique, une irruption dans l’âge numérique, dans l’irréalité... dans l’irréruralité...

Ecoivres, Bray, Mont-Saint-Eloi
Une chouette hulule.
Le visiteur remonte la pente.
Le soleil se couche de l’autre côté, sur les plages de la Manche et de la Mer du Nord.
Un vol de chauve-souris zigzague au-dessus de la place, traverse les fenêtres des tours.
Les chevreuils regardent de chaque côté avant de traverser la D341.
Sur Arras stagne un brouillard jaune de pollution lumineuse et atmosphérique.
Lucien Suel
2007
Ce poème a été publié dans Action poétique n° 193

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samedi 8 janvier 2011

SOMBRE DUCASSE 3

Nous reprenons la mise en ligne de "Sombre ducasse", ouvrage publié en 1988 par la Station Underground d'Émerveillement Littéraire, tirage de 250 exemplaires épuisé depuis plusieurs années.
L'extrait d'aujourd'hui, "Lumière de l'habitude", intermède entre les chapitres I et II, a paru pour la première fois en novembre 1966 dans le n° 1 de la revue "LA RIGUINGUETTE" (École Normale de Garçons d'Arras, éd.).
Rendez-vous samedi prochain pour la publication du chapitre II.

LUMIÈRE DE L'HABITUDE.

Néant de la barre, airain atomique
qui me plonge dans les reins.
Supraterrestres
des grands oiseaux hétéroclites.
Ô mer déchaînée,
Casserole d'escalade,
Écorce de pingouin métaphysique,
Asphalte violet des jalons de la terre,
Panier ténébreux
des poissons ornithorynques
dont les vitres grillagées
pendent aux lunettes
de la désolation
arthritique.

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vendredi 7 janvier 2011

La mouche tsé-tsé

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jeudi 6 janvier 2011

Le lapin mystique (1)

Le lapin mystique a d’abord été édité en feuilleton dans la revue Le Grand Hors-Jeu entre 1988 et 1993. C’est devenu un roman publié aux éditions de la Station Underground d’Émerveillement Littéraire en 1996. L’édition originale de 307 exemplaires est aujourd’hui épuisée. Nous vous proposons de nouveau la publication en feuilleton des 19 épisodes. Ce sera à suivre chaque jeudi sur ce blog.
NB : Ce roman est pour la première fois publié dans sa forme originale en vers justifiés.

Le lapin mystique
par Lucien Suel

1.
C'est dans le ruisseau que les matières
s'écoulaient, consacrées par une novice
qui avait fait voeu de chasteté sincère
mais temporaire. Au long de la nuit, le
vacarme héroïque des torturés rugissant
dans leur retraite s'ajoutait à la rude
déclamation des mendiants mystérieux de
l'enfer alcoolique. Une bouteille tomba
de la poche du kangourou ventriloque au
regard fixe. Le liquide tiède s'écoula,
absorbé par le sable rouge du désert et
les forficules assoiffés. J'oserai vous
parler de moi longuement. C'est fictif.

Quand je me suis retourné, elle était à
la fenêtre, debout dans sa nudité, dans
l'éclat de sa pauvre chair mortifiée et
candide. Tantus labor non sit cassus...

Ébloui, c'est avec des paroles de feu à
volonté que je défends le privilège des
conceptions ennemies. Le rouge est mis.

J'ai réellement vu les soupirs, les tas
de corps attendant au bord des chemins,
le passage des chenilles. Dans le soir,
l'auto noire s'éloignait. Laure s'était
agenouillée et baisait la terre, râpant
la croûte siliceuse de sa langue tendue
et vibrante. Ses ongles écarlates limés
par la surface inexorable se courbaient
un à un, puis finissaient par casser et
à l'endroit de la fissure, un liseré de
blancheur apparaissait, déchiqueté fort
inégalement, parfois jusqu'à la racine.

Nos corps et nos âmes étaient raides de
sang séché. Il nous fallait encore lire
dans les magazines, les tribulations de
Laure dont les lèvres avaient sucé sans
frémir la plaie oblique et bleuâtre qui
accentuait l'aspect viril du héros. Nos
actes sont signés. La mâchoire du lapin
est clouée. L'huile a été répandue. Les
dents m'appartiennent, les griffes sont
à elle, les entrailles pour le corbeau.

Le soleil n'était plus qu'une dépouille
sanguinolente sur la crête. Je me levai
douloureusement. Une suavité étrangère,
une lourdeur délicieuse, une allégresse
énergique effacèrent peu à peu la morne
ankylose qui imprégnait ma musculature.

Je remarquai enfin l'état de mes habits
de cérémonie. Les boutons de mon veston
pendaient en déséquilibre à l'extrémité
des fils tels des yeux désorbités, liés
à des restes de fibres optiques. Lacéré
de déchirures, mon pantalon flottait de
tous côtés, ainsi qu'un habit de scène,
pour danseuse de tamouré. Le désir d'un
soudain départ loin de la vie terrestre
envahit mon esprit. J'avais des bleus à
la cuisse. L'une de mes côtes saillait,
comme un long arc violacé. Laure m'aida
à regagner ma cellule. Sur mon matelas,
était épinglé le dernier message du bon
lapin : «Désormais tu dois prendre soin
de mon honneur, de mes intérêts, de mes
oreilles, et je prendrai soin de vous.»

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mercredi 5 janvier 2011

Silo (54) Marc Stéphane

Marc Stéphane. La cité des fous (Souvenirs de Sainte-Anne)
L’arbre vengeur, collection l’alambic, janvier 2008.

En ce qui concerne Antignac particulièrement que j’ai pu étudier plus à loisir, j’ai vu souvent à ses yeux hagards, et sur son visage brusquement chaviré, passer l’ombre affolante des silos de famine. (page 87)

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mardi 4 janvier 2011

Le petit fantôme

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lundi 3 janvier 2011

La maison hantée


La maison hantée

Des voix chuchotent au seuil des portes, dans les couloirs.
Le marteau tambourine. La clenche est secouée.
La porte grince. Le verrou glisse lentement.
Une volée de pierres atteint les volets clos.
Soudain, un verre explose, pluie d’éclats sur le sol.
Un spectre hideux émerge, sort du linoléum.
Des hoquets de sanglots interrompent parfois
Le crépitement monotone de la pluie.

Le fil du collier casse. Les perles rebondissent,
Roulent sous le buffet. Les coussins du fauteuil
Se gonflent, s’affaissent, gémissent, se soulèvent et retombent.
Les pages des ouvrages dispersés sur le sol
Dans la bibliothèque se tournent en silence.
Un voile de givre se fige sur les meubles.

Dans la maison hantée, un froid intense règne.
Il passe sous les portes, se glisse sous les draps.
Le froid monte et descend, rampe sur les dallages,
Se colle aux carreaux noirs. Froid froid froid, froid et froid.
Très lentement, la porte de la chambre s’ouvre,
Silence. Personne, personne, ni devant, ni derrière.
Les ondes de forme entourent le petit lit.
Elles se propagent dans les lacets du temps,
Les trous dans la maya. Les soubresauts du globe
Réveillent l’esprit endormi. Le tellurisme
A bon dos, mais ce sont toujours les cimetières
Qui restent les marécages de la douleur.

Dans la maison hantée, le garçon innocent
Ne sait s’il dort encore ou s’il est réveillé.
Ses doigts se resserrent sur les barreaux du lit.
Du fond de la noirceur, il déchiffre les runes
Gravées dans le plâtre du plafond lézardé.

Dans la maison hantée, chaque porte franchie
Fait tomber des vagues de froid sur les épaules,
comme des loups raidis, morts, lourds, noirs et glacés.
Le miroir du salon reflète sur ses bords
Piquetés de points noirs, les contours incertains
Des vieux joueurs de cartes. Le lustre de cristal
Se balance imperceptiblement dans le souffle
D’un léger courant d’air. Les portraits ancestraux,
Les photographies dans les cadres aurifiés,
Se gondolent. Le papier baryté enregistre
Les vibrations des voix, des sanglots et des cris.
La carafe posée sur la table de nuit
S’est vidée toute seule. Nuage de vapeur

Dans la maison hantée. Les racines des ormes
S’infiltrent sous les murs. Les branches des sureaux
Morts griffent les vitres de la maison hantée.
Le lierre se contorsionne autour des gouttières.

Dans la maison hantée, un bruit perpétuel,
Une vibration sourde remue l’atmosphère.
Les oreilles captent le son sans réagir.
C’est un bourdonnement qui devient intérieur.
Les viscères tremblent dans leur prison de sang,
De muscles. Horla cloîtré qui hurle dans la cave.
Dans le tiroir de la cuisine, les couteaux se frottent
Les uns aux autres, s’aiguisent mutuellement.

Dans la maison hantée, les revenants avancent
Sur leurs propres empreintes, ils laissent derrière eux
Une longue traînée sentimentale, un bruit
Silencieux, un parfum inodore, une image
Invisible. La maison est un hyperespace,
Le négatif d’une idéologie humaine
Qui contraint la matière, lui donnant corps et vie.

Poltergeists, revenants, apparitions, fantômes,
Goules, spectres, démons, esprits, ils n’ont pas peur du noir.
Comme des condamnés, forçats servant leur peine,
Dans le temps, dans l’espace, ils agitent leurs chaînes.

Dans la maison hantée, le souffle des fantômes
Coagule en ectoplasmes gélatineux
Qui flottent mollement entre sol et plafond
Comme des méduses languissantes, des limaces
A tête de vieillard, des sangsues dégueulasses.
Parfois, leur procession est suivie par la chute
D’un tableau, ancêtres de toile ou de papier,
Rictus sépia haché par les éclats de verre.

Dans la maison hantée, des ombres grises glissent
Sur le parquet, s’allongent devant les fenêtres.
Dans l’escalier qui monte au grenier, le bois grince.
Toutes les marches couinent. La trappe vermoulue
Dévoile un bric à brac, un capharnaüm monstre,
Un grotesque agrégat de rebuts ossifiés.
Jaunes et verts, des semblants d’yeux brillent dans la nuit,
Dans les couloirs, dans l’entrebâillement des portes.

Dans la maison hantée, les murs sont des éponges,
Les parquets, des wassingues, les plafonds, des balais,
Têtes de loups emmaillotées de chiffons doux.
Les larmes de l’enfant, les sueurs de sa mère,
L’odeur du sang caillé, les cris de rage, la peur,
La maison hantée a tout bu, tout avalé.
Chambres et couloirs sont les circonvolutions
Du cerveau, les sombres dédales de l’esprit.
Le passé se réverbère dans le présent.

Le pétrole répandu au pied de la lampe
Est absorbé par le linge de table. L’odeur
Du naphte s’insinue dans les rêves, elle plane
Au-dessus des draps blancs, dans la maison hantée.
L’escalier de la cave est humide et glissant.
Des toiles d’araignée tremblotantes scintillent
Dans le halo fuligineux de la veilleuse.
Des remugles de soufre infectent l’atmosphère.
Le suintement des murs y ajoute une odeur
Fétide, la touffeur alcaline de l’urine.

Les feuilles mortes flottent un moment sur l’étang,
Puis coulent lentement vers le fond, vers la fange,
Une bouillie noirâtre hérissée d’ossements.
Un linceul de feuilles pourries masque les morts,
Les noyés, les pendus, les fœtus avortés.
Le chien noir à longs poils aboie soudainement,
Œil flamboyant, dents jaunes, luisantes de salive.

Dans la maison hantée, les grondements lointains
De l’orage font tinter les cristaux du lustre.
Les éclairs clignent entre les lames des volets.
Les rafales de pluie giflent la vigne vierge.
Le vent hulule au cœur des cheminées éteintes.
La sonnerie grésillante du téléphone
Résonne longuement dans la maison hantée,
La maison solitaire en haut de la colline.

Dans la maison hantée, le petit garçon mort
Glisse entre deux couches de l’ancien papier peint.

Lucien Suel
La Tiremande, Usher House, Canterville, Manderley, Fortyfoot House, Edbrook, Hill House, Amityville.
31 décembre 2005

Première publication de ce poème en mai 2006 dans le n° 3 de L’enfance (Claire Ceira).
Photo : La maison au n° 112, Ocean Avenue, Amityville, Long Island.

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posted by Lucien Suel at 07:59 3 comments

samedi 1 janvier 2011

Meilleurs voeux

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posted by Lucien Suel at 08:50 1 comments