mardi 8 novembre 2011

Suburban Monastery Death Poem 5

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE
DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS
TROISIÈME PARTIE - je crois que c'était sa sœur
QUATRIÈME PARTIE - le Parc de Forest Hills

CINQUIÈME PARTIE - paroles en l'air

on a dit que je devrais écrire
quelque chose de constructif
sur east cleveland

trouvez-moi un passeport - ça c'est du constructif !
envoyez-moi dans un pays libre
déportez-moi à Milwaukee
envoyez-moi dans la ville-lumière
ou dites-moi comment y arriver
& puis - en route !
j'ai peur d'y aller seul--

je ne vois pas d'autre moyen
pour que cette ville en moi survive
& je suis déjà trop vieux pour être votre avenir
vous êtes toujours trop en sécurité
vous arrivez toujours trop tard
tout le monde veut être jésus
tout le monde veut être martyr
tout le monde veut être un bodhisattva
sans se salir les mains
il ne semble plus que cela ait de l'importance
si la cause est juste

vous ne savez pas jouer pour gagner

vous passez tout votre temps en
« conversations profondes»
qui ne se concrétisent jamais en quoi
que ce soit de profond

vous me faites perdre mon temps
à attendre que vous éclaircissiez
les choses pour moi - vous ne me laissez pas
l'occasion de décider

vous vous prétendez adultes
mais quand vous agissez enfin
c'est par frustration
vous sentez glisser votre pouvoir imaginaire

vous ne vous trouverez jamais face à vous-mêmes
alors vous bondissez au secours des autres
très maladroits ............ comme des enfants
mangeurs de soleil ou des poètes déchirés
par des frustrations intérieures
comme des fous & des hors-la-loi
s'escrimant à détruire ce qu'ils
ne comprennent pas
vous enfilez votre sale petite armure naïve
d'enfant de 12 ans et vous m'apportez vos
clichés de sagesse que vous-mêmes
ne comprenez pas

combien m'ont demandé
« Que voulez-vous ? »
& quand je le leur ai dit
ils se sont détournés
sans comprendre ou effrayés
de comprendre
« conversations profondes ?»
c'est comme pour le
« face à face pacifique»
j'aimerais voir le jour où
la ville me fera face ouvertement
ou sincèrement pour autre chose
que l'information
« je peux vous ouvrir des portes »
dit la voix & elle oublie de vous donner
la formule magique, la formule de pouvoir
qui vous empêche de vous faire
claquer la porte au nez

je peux ouvrir les portes moi-même
& me les faire claquer au nez
pas besoin d'aide !

je ne peux même pas lire la plupart de mes poèmes
dans ce pays- & je ne veux pas les lire !
vous me demandez ce que je veux
& vous avez peur d'entendre
ce que j'ai peur de dire

je voulais dire
quelque chose sur l'amour
mais je ne crois pas que je pourrais supporter
la moindre de vos conneries paternalistes

je voulais vraiment dire
quelque chose sur l'amour
& la chance de devenir
l'adulte que vous n'avez jamais eu
le courage d'être
mais je ne crois pas que j'ai le
temps d'entendre votre psychologie
freudienne et jungienne définir
ce qu'est un adulte

voilà je voulais dire quelque chose
sur l'amour mais à la place je dirai
seulement, j'aimerais bien que vous
cessiez de mettre mes amis
en prison
& que vous m'achetiez un poème
de temps en temps & que vous cessiez de me faire
tant d'offres non payées
moi, je vous ai apporté tellement d'informations
gratuites que j'ai l'impression d'être
le bureau d'aide sociale

(à cleveland on s’est fait mettre dedans
pour avoir distribué des poèmes comme
l’aide sociale
les fonctionnaires de la mairie s’étranglaient
sur des poèmes beurre de cacahuète et soja -
très bizarre)

je voulais parler
d'east cleveland
mais ça m'est sorti de la tête-

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posted by Lucien Suel at 08:36