mercredi 30 novembre 2011

Kurt Witter 2ème saison

« KURT WITTER » est un roman expérimental. Chaque chapitre est constitué des dix blocs de texte (« tweets » de 140 signes) publiés au cours d'une semaine sur Twitter. Pour une lecture plus aisée, les blocs ont été regroupés en paragraphes « normaux ».
7 chapitres constituent une "saison".
Le roman terminé comprendra 28 chapitres, soit 280 tweets à suivre en direct pendant toute une année sur mon compte Twitter.


Première saison : été 2011


Deuxième saison

I

Kurt plane en rase-mottes au-dessus du M.E.R.Z. Au pays fantasmé de Costume Noir, Flight Simulator remplace le jeu de dadas. Le paysage planétaire garnit les murs de l’habitation, s’étend au plafond. Kurt domine le hérisson damé, pâquis de piquants. Bras tendus, il survole les moules Broodthaers, mine de schistes marins à ciel ouvert. Les déchets palpitent artistiquement. Épaves stellaires. Éléments récupérés du satellite crashé dans le jardin de L’Impossible Naoko, une amie de Blanche Sélavie.
Kurt sent la robuste énergie symbolique présente dans la sculpture. Choix, collecte, recyclage. Moteur d’Éclosion. Rite Zen. L’eau utilisée pour fabriquer les objets fixés aux parois sourd et ruisselle en cascade sous les yeux de l’aviateur endormi. Le pétrole brut réintègre également le circuit sous la forme de filaments irisés qui surnagent dans les méandres aquatiques.
Kurt est en vol stationnaire. C’est l’appartement au complet qui semble tourbillonner. Les couleurs du M.E.R.Z se coagulent. Tout est blanc étincelant, comme la nacre de ses yeux. Le rêveur aérien flotte dans l'ardeur lumineuse. L’horizon a disparu.
Comme des feux dans la nuit, trois trajectoires cernent Kurt : Anna et Blanche sur les ailes, Hugues à l'arrière du quatuor.

II

L'escadrille des joueurs de dadas dessine un + au-dessus du bas-relief merzien. Constellation positive sur l'univers recréé. Les quatre sont unis dans le temps du rêve, interconnectés en altitude. La distance autorise un panoramique spatio-temporel. Ils se voient bébés au sein, enfants aux genoux écorchés, adolescents romantiques écrivant des poésies gorgées de Sehnsucht.
Anna Bloom lit un roman de James Joyce. Blanche Sélavie coupe les cheveux de Tonton Marcel. Hugues Haubal loue une caravane. Kurt entend les bombes s'écraser sur Hanovre. Il trempe son pinceau dans l'huile de térébenthine et joue sa première sonate.
Tout arrive simultanément. Le temps s'abolit comme un bibelot d'inanité. L'espace est parcouru de vibrations synesthésiques. La tapisserie de papiers de chewing-gum clignote dans les éclairs orangés des orages qui se succèdent en une longue théorie. L'amas de prospectus dégouline d'encres de couleurs et de pâte à papier. Le M.E.R.Z. bouillonne dans l'électricité statique. Le grondement du tonnerre couvre toutes les pistes sonores. Les quatre oniromanciens décontenancés font face au pot au noir.
"TOWERS! OPEN FIRE!". Médiocre parodie de Darth Vador, la voix de Costume Noir émerge du chaos ambiant. Kurt éclate de rire. (90)

III

Au ciel de lit, les quatre cavaliers manœuvrent à l'unisson au milieu des éclairs engrenés par l'injonction de Costume Noir. Anna repère le thaumaturge juché sur la porte ouverte de la salle de bains. Il tient à la main un tuyau métallique flexible. Kurt envoie aux trois copilotes l'image d'un sous-marinier marmonnant dans un tube. Le cylindre s'étire, palpitant vers lui.

Serpent annelé rivant sa bouche grande ouverte à l'oreille du rêveur volant. Voix de Costume Noir enserrant la tête de Kurt. "Vous décodez hier maintenant instantanément image par image avec accélération efficace. Ensemble inside the dream machine." Kurt veut poser la question de l'énergie noire, mais le flexible se rétracte comme le cordon d'alimentation d'un aspirateur. En même temps, le costume de Costume Noir se brouille. Un crrrépitement parasite monte et descend comme une tornade blanche.

23:23, Kurt remarque les diodes du radioréveil. Il se souvient de tout, et notamment du vol en commun initié par le M.E.R.Z. De son lit, il twitte @AnnAbloom @ugobal @blanche_selavie : Merci de noter vos visions pour le tournoi de jeudi. #dada #rêve
En se rendormant, Kurt voit Georges fuyant vers le nord radical sur un traîneau tiré par des chiens à pattes télescopiques.

IV

La grande ourse blanche est invisible dans le ciel norvégien. Midnight Sun over les logogrammes dessinécrits dans la neige. Georges Permeke-Spilliaert s'imagine Jack-James-Oliver London-Curwood filant au nord sur les traces de Christian Dotremont. En fuite loin des sbires du Bureau de Salubrité Mentale, depuis qu'il a quitté ses amis, G.P.S. avance vers le Septentrion. Il a traversé la Flandre et les Pays-Bas, de Breda à Rotterdam. Il a trouvé le bon dosage pour ses bonbons à la mescaline.

Dans sa réalité norvégienne, Georges se transporte en commun, autocar ou train. Il atteint Molde, Comté de Møre og Romsdal. De là, il prendra le Hurtigruten vers Kirkenes et le Cap Nord. Pour l'instant, il observe le trafic maritime dans le fjord. Un ferry blanc et bleu contourne paisiblement l'île de Hjertøya. Un couple de touristes français bavarde à côté de Georges.
La femme en tailleur sombre désigne l'île à son compagnon barbu. "C'est là que Kurt Schwitters venait passer les vacances."En l'entendant, Georges tressaille. Il pensait être à la poursuite du COBRA à trois têtes et voici qu'il rencontre le MERZ.Il comprend qu'il n'est pas arrivé à Molde par hasard. Il prendra l'Express Côtier un autre jour. D'abord, aller sur l'île.

V

Tandis que G.P.-S. arpente l'île de Hjertøya sur les traces du grand dadaïste, ses amis se réunissent dans le logis de K.W. Mardi, traditionnelle partie de dadas opposant par tirage au sort Bloom-Sélavie à Witter-Haubal. À l'ordre du jour : rêves.
Le jeu commence sous le signe de la méditation. On n'entend que les dés roulant sur le tapis et le piétinement des chevaux. Chacun rassemble les bribes intimes des rêves de la semaine passée en regardant le déplacement discontinu des dadas durcis.

Quand tous les chevaux sont sortis des stalles, Kurt prend la parole pour décrire son vol aéronirique au-dessus du M.E.R.Z. L'ahurissement se lit sur les visages des auditeurs. Anna est si surprise qu'elle renverse le premier dada d'Hugues Haubal. Kurt relève l'animal et achève son récit par l'épisode Costume Noir Dream Machine. Blanche, Hugues et Anna sont bouche bée.

Stade suprême de la connexion, ils ont expérimenté pour la première fois le rêve partagé. Blanche est la plus enthousiaste. L'astropataphysienne, en notant la présence bénéfique du M.E.R.Z., pense qu'il faut aussi prospecter la voie de la Machine. Kurt est OK. Il reste assez de place au centre du living pour l'installation. Hugues accepte de réunir tous les composants.

VI

"Toute révolution autre qu'électronique ne peut qu'échouer." Encore une phrase que Costume Noir avait tatouée dans sa tête. Kurt la voit scintiller sur les parois de son crâne comme un de ces slogans maléfiques au sommet des tours du centre-ville.

De son côté, Hugues récupère un baril métallique dans le jardin-jungle de l'Impossible Naoko et le charge dans son pick-up. Chez Pénélope et Omer (ils sont réconciliés), Anna emprunte une débobineuse d'écheveau à moteur électrique et axe vertical. Pour la cause, Blanche accepte de se séparer de sa lampe de chevet globe orange verre dépoli 4 x 25 watts design années 70.

Pendant que Kurt cogite sur les mots qui tombent dans la chambre grise, ses camarades déchargent et installent le matériel. Le vacarme de la meuleuse découpant des alvéoles dans la tôle du baril suspend les spéculations de Kurt. Le M.E.R.Z. vibre. Avec des écrous, Hugues fixe le fond du tonneau troué aux bras de la débobineuse. Un rhéostat règle la vitesse de rotation. Pendu à la potence d'un pied de micro, le globe orange oscille au centre du baril ; rais lumineux jaillissant des alvéoles.
Blanche branche la prise du moteur. Le gros cylindre commence à tourner sur sa base. La Machine à rêver est opérationnelle.

VII

La confrérie est debout devant la machine. Yeux clos, face à face, deux par deux, les voyageurs encerclent le baril ajouré. Le clignotement coloré sur les paupières fermées modifie les ondes alpha de Kurtannablanchehugues Witterbloomsélaviehaubal. Sur le tapis rétinien, torsades d'arabesques chamarrées, aurore boréale cérébrale. Solénoïde invisible reliant les rêveurs. En arrière-plan, cette pensée commune : La Dream Machine est l'unique objet d'art que l'on puisse examiner les yeux fermés.

Pendant que les quatre synchronisent la sphère de leur rêve, Georges Permeke-Spilliaert essaie de maîtriser son mal de mer. Il quitte Hjertøya en bateau pour explorer l'archipel de Bjørnsund, sur les traces des paysages peints par Kurt Schwitters.

Dans l'alentissement de la rotation, mouvement et couleur s'harmonisent pour devenir flux et reflux dans un bleu océanique. Les dreamers se polylocalisent. Debout dans le salon et, en même temps, ailleurs, allongés sur l'eau. Étoile de mer géante. Kurt Nord, Anna Sud, Blanche Est, Hugues Ouest, soulevés par la houle, dérivent psychogéographiquement dans le Gulf Stream. Goût de sel. Sillage d'un bateau. Éclaboussures. Éructations. Crachats. Soudain, ils VOIENT Georges vomissant dans l'océan.

Fin de la deuxième saison

La 3ème saison commencera en janvier 2012...

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mardi 29 novembre 2011

La limace à tête de chat (20)

La limace à tête de chat écoute de la musique en forme de poires.
The cat-headed slug is listening to Erik Satie's music.

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lundi 28 novembre 2011

Le crayon

à
cet
objet
utile à
mon poème

poème qui
le décrit
le met en
abyme par
la marque
sur pages
le crayon
ne craint
point les
rongeuses
digitales
la souris
plastique
grise sur
son tapis
ne semble
pas avoir
une bonne
mine noir
sur blanc
le crayon
un repère
un voyage
de l'oeil
à la main
la pensée
le stylet
stylo sur
la viande
des logos
une façon
de saisir
trois des
doigts la
trinité à
l'origine
triangles
doigts et
pointe du
crayon il
montre le
mot avant
qu'il ait
surgi sur
le papier
il pointe
l'endroit
où naîtra
la poésie
le crayon
est tendu
déjà vers
une cible
un dessin
un crayon
à dessein

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samedi 26 novembre 2011

Cheval23 - D341

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mardi 22 novembre 2011

Ici ou là

Christine Jeanney écrit une "To Do List" d'après une de mes photos sur son blog "Tentatives"

Creative Writing French, Poèmes express : l'atelier d'écriture dirigé par Abdourahman A. Waberi, écrivain et professeur de français aux aux Claremont Colleges, en Californie.

Parution de "Mort d'un jardinier" en Norvège chez Solum Forlag sous le titre "Ein gartnar døyr" dans une traduction de Grete Kleppen.

Ma participation au projet "Tours et détours en bibliothèque : Carnet de voyage 1992-2012" pour les 20 ans de l'Enssib. L'Albatros est le nom de la médiathèque d'Armentières (à suivre).

Ma préface aux "Dérives immobiles" de Jean-Pierre Sautreau et Jean-François Bourasseau, ouvrage qui vient de paraître aux éditions Soc et Foc.

Philip K. Dick interviewé par Charles Platt en 1979, un document rare. (2 h en anglais)

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lundi 21 novembre 2011

La limace à tête de chat (19)

La limace à tête de chat rentre du supermarché.
The cat-headed slug coming back from the supermarket.

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samedi 19 novembre 2011

KURT WITTER (2.VII)

KURT WITTER est un roman-feuilleton expérimental.
Chaque chapitre est constitué de 10 blocs de texte (épisodes tweets de 140 signes) publiés sur mon compte Twitter.
(#KurtWitter)

Kurt Witter, Saison 1

VII

La confrérie est debout devant la machine. Yeux clos, face à face, deux par deux, les voyageurs encerclent le baril ajouré. Le clignotement coloré sur les paupières fermées modifie les ondes alpha de Kurtannablanchehugues Witterbloomsélaviehaubal. Sur le tapis rétinien, torsades d'arabesques chamarrées, aurore boréale cérébrale. Solénoïde invisible reliant les rêveurs. En arrière-plan, cette pensée commune : La Dream Machine est l'unique objet d'art que l'on puisse examiner les yeux fermés. (131-134)

Pendant que les quatre synchronisent la sphère de leur rêve, Georges Permeke-Spilliaert essaie de maîtriser son mal de mer. Il quitte Hjertøya en bateau pour explorer l'archipel de Bjørnsund, sur les traces des paysages peints par Kurt Schwitters.(135-136)

Dans l'alentissement de la rotation, mouvement et couleur s'harmonisent pour devenir flux et reflux dans un bleu océanique. Les dreamers se polylocalisent. Debout dans le salon et, en même temps, ailleurs, allongés sur l'eau. Étoile de mer géante. Kurt Nord, Anna Sud, Blanche Est, Hugues Ouest, soulevés par la houle, dérivent psychogéographiquement dans le Gulf Stream. Goût de sel. Sillage d'un bateau. Éclaboussures. Éructations. Crachats. Soudain, ils VOIENT Georges vomissant dans l'océan. (137-140)

Fin de la deuxième saison.


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vendredi 18 novembre 2011

Express Poem #559

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jeudi 17 novembre 2011

La limace à tête de chat (18)

La limace à tête de chat guette le facteur.
Cat-Headed Slug : "I'm waiting for my postman."

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mardi 15 novembre 2011

Suburban Monastery Death Poem 6

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE
DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS
TROISIÈME PARTIE - je crois que c'était sa sœur
QUATRIÈME PARTIE - le Parc de Forest Hills
CINQUIÈME PARTIE - paroles en l'air

SIXIÈME PARTIE - les petites funérailles
« la seule différence
entre les matadors & les poètes
c'est que les uns flirtent avec la mort
et les autres avec la folie »

rik davis

ils vous ont presque tous menti
moi y compris je suppose
« le poète joue avec la folie »
c'est ridicule - nous sommes tous fous
c'est à vous de réveiller les poètes
perdus dans leurs passés mystérieux
le poète mange & dort & pisse
& pète & chie & écrit
des poèmes - c'est ça, la folie ?
c'est un maître zen sous barbituriques

c'est l'homme d'affaires, le commerçant
qui joue avec la folie - le
docteur qui joue avec la médecine - l'imprimeur
le fabricant de bombes & le type
qui fait des baguettes & des croissants de 9h à 5h
se réveille à 6h
conduit son camion
à travers la ville
vivant jour après jour
la même routine
insensée
sans même le temps
de se demander pourquoi
poètes paumés dans le luxe de pouvoir
poser des questions de pouvoir
se cogner la tête contre les murs
& dire « hé c'est mon boulot »
& ils savent déjà - qu'ils ne veulent pas de réponses

ah mais ce matador en transit rapide
embroché chaque jour par des cornes
invisibles - intérieurement
& les transactions commerciales qui ne se font pas
& le cow-boy de la CTS assis sans un mot
cherchant à décrocher du boulot - n'importe quel boulot
& qui sait qu'il crèvera tubard
ou du cancer à 65 ans- incapable de trouver un poil de
signification dans tout ce jeu
ah la douce folie que de pouvoir
balancer toutes ces journées désespérément identiques
alors que le matador reçoit une rose
d'un petit boudin cradoque
dans la foule
il lui donne les oreilles du taureau
plus tard au lit

& un poète qui bande avec une pauvre vision
nettoie pour vous le tableau
mais maintenant vous avez la télévision
& vous rêvez trop

l’éboueur le matin
connaît sa propre réalité
les éboueurs ne se font jamais descendre pendant les émeutes
peut-être sont-ils les vrais saints
avec une aura protectrice
leur réalité - la merde de
la corbeille à papier de votre chambre à coucher
il faut être un maître zen
pour être éboueur
& les poètes mentent quand ils essaient de trouver
quelque beauté dans les tas d'ordures
les ordures sont les ordures
la poésie est une ordure sentimentale -
les détritus
& la beauté ne sont que des rêves
mais maintenant vous avez la télévision
pour vous aider à rêver

hommes sans âme
toreros de magasins sans importance
fantômes décervelés qui jamais ne possèderont d'esprit
avec lequel jouer
hommes aux rêves télévisés de lycéens
qui se signent en des rites de mort
qui murmurent « doux jésus » avant d'affronter
leurs concurrents chaque jour
qui jouent à la guerre - & deviennent des policiers
jouant avec la folie
ils conduisent leurs autos
se moquent des hippies boivent le vendredi
jouent aux quilles chient sur Dieu chaque jour & meurent
& meurent & meurent tout seuls
enveloppés dans des drapeaux
fiers de leur folie
& les poètes académiques
écrivent pour vous leurs rêves proprets
& prétendent que tout est beau
assis dans un bar
le confessionnal alcoolique

& chaque jour je m'assieds ici
& j'essaie de devenir chacun d'entre vous
l'un après l'autre
essayant ces rêves de lycée
pour voir la taille
ça marche pas
vous n'êtes pas à ma pointure

poète j'essaie d'apprendre
à rester humain
malgré la technologie
& il n'y a personne pour m'enseigner
je suis encore trop jeune pour
être tranquille & contemplatif

je ne veux pas devenir une carte vermeille
tremblant de terreur devant la télé

des hommes d'affaires dans leurs ego-trips amphétaminés
me racontent leur dernier coup

je visite des églises & des temples & je pose des questions
& on me donne une brochure
ou un livre idiot
on dirait qu'il n'y a personne
d'autre que moi pour répondre à mes questions

une hideuse responsabilité
avec des conséquences encore pires

adieu télévision
je rentre dans ma tête

ma femme & moi
faisons notre promenade du soir
autour du bloc
(sommes-nous si vieux)
il y a quelque chose de beau
en elle quelque chose
une sorte de rêve dans le ciel sans nuage

je sais que mes rêves sont irréels
mais ce sont mes rêves

parfois
par les chaudes nuits d'été
nous nous haïssons
& c'est merveilleux...


d.a. levy
août 1968
e. cleveland ohio


note :
paix & lucidité sont
deux petits oiseaux
qui cherchent à quitter la planète
parce qu'ils sont las de mourir

je n'ai pas de conseils à donner


Éditions précédentes
“Suburban Monastery Death Poem”, Zero Edition, Cleveland 1968
“Suburban Monastery Death Poem”, Second Zero Edition, Cleveland 1976
“Poème sur la Mort d'un Monastère de Banlieue”, in Starscrewer Spécial, Berguette, 1981
“Poème sur la Mort d'un Monastère de Banlieue”, Station Underground d’Émerveillement Littéraire, Berguette, 1993. ISBN 2 909834 11 5 (traduction Lucien Suel)

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lundi 14 novembre 2011

Pel & Mel

Nako, Cynthia 3000 & Co improvisent à partir d'un de mes poèmes extrait de "Un jardin re[garde un] jardin regarde".

Sur le site de la Contre-allée, le programme de mon invitation à Düsseldorf et Essen.

Sur Le Clavier cannibale, une chronique de Claro à propos de la réédition du Temps des assassins de William Burroughs, traduit par mes soins et originellement publié dans Starscrewer n°s 7 et 8 en 1978-1979.

Participation photographique au projet "To Do List" de Christine Jeanney, sur son blog Tentatives.

20 titres pour la série "Miroir du jour" publiée par Laurent Margantin sur son blog Œuvres ouvertes.

Le catalogue de l'exposition An American Avant-Garde Second Wave organisée par John M Bennett à l'Université d'Ohio.

Un extrait de ma traduction du Livre des esquisses de Jack Kerouac publié par Eric Poindron sur son blog Curiosa et Caetera

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samedi 12 novembre 2011

KURT WITTER (2.VI)

KURT WITTER est un roman-feuilleton expérimental.
Chaque chapitre est constitué de 10 blocs de texte (épisodes tweets de 140 signes) publiés sur mon compte Twitter.
(#KurtWitter)

Kurt Witter, Saison 1

Deuxième Saison

VI

"Toute révolution autre qu'électronique ne peut qu'échouer." Encore une phrase que Costume Noir avait tatouée dans sa tête. Kurt la voit scintiller sur les parois de son crâne comme un de ces slogans maléfiques au sommet des tours du centre-ville. (121-122)

De son côté, Hugues récupère un baril métallique dans le jardin-jungle de l'Impossible Naoko et le charge dans son pick-up. Chez Pénélope et Omer (ils sont réconciliés), Anna emprunte une débobineuse d'écheveau à moteur électrique et axe vertical. Pour la cause, Blanche accepte de se séparer de sa lampe de chevet globe orange verre dépoli 4 x 25 watts design années 70. (123-125)

Pendant que Kurt cogite sur les mots qui tombent dans la chambre grise, ses camarades déchargent et installent le matériel. Le vacarme de la meuleuse découpant des alvéoles dans la tôle du baril suspend les spéculations de Kurt. Le M.E.R.Z. vibre. Avec des écrous, Hugues fixe le fond du tonneau troué aux bras de la débobineuse. Un rhéostat règle la vitesse de rotation. Pendu à la potence d'un pied de micro, le globe orange oscille au centre du baril ; rais lumineux jaillissant des alvéoles.(126-129)
Blanche branche la prise du moteur. Le gros cylindre commence à tourner sur sa base. La Machine à rêver est opérationnelle. (130)

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vendredi 11 novembre 2011

Min granperr

Min granperr


Fleury Verbrugghe (1896-1985)


1. Kank kech juj iavo rintré dinch tribunal, ché jin issétott elvé.
Ia anonché chverdik : el mor !
Ak in bio sourirr, chell sachfamm aladi : chétin guershon, in gro guershon.

2. Sin perr esmerr il lon batijé Fleury.
Chéto kor in non kin dono souvin din chkoin lau, dinchpé-i dlalyss, a Haverskerque.

3. Cha été laguerr. Class 16, iavo été blessé ach Chemin des Dames. Akoté dli achlopital, iavo in tirailleur sénégalais, ki-indzou dsin li, dinss muzett, avo muché el tett d'in boch à mitan pourritt.
Cha sinto !

4. Kank eul guerr al sa fini, après kizeuchtté bu touché sé-i-o dpinar ed lamnisti, ia rinkontré Rachel.
Ia frékinté. I sa marié.

5. I ouvro a luzinn d'iberk, al tolri.
I dékerko ché ouagon dkok, épi dminn'ré ;
dé ouagon dkarantt tonn, aveuk ses camaratt.
Izavott des caskett in coton bleu, leu kémish in toual ak leu manch inroulé su leu bra, ak leu gross veinn bleu odzeur dleu min.

6. Fleury iatrapo enn swé.
Chakoulo indzou deuss kaskett.
Iéswui yo sfigurr ak sin gran mouchoir à karo violet et blan.
Irako din sé min ; iarpréno spell.

7. Ia dusfer opéré del kolonn vertébral.
Iadu resté pudd tromo ralongé su enn plank.
Rachel alavo gliché enn plank indzou dsin matla, indzou dsé rin.

8. Toulé diminch ach kabaré, ijuo a kartt, al manill cwoinché, ak sé camaratt ouvrié épi sincié.
I buvott enn per ett perno.
Fleury, ché serveuss al lavott ker !

9. Cha été lartrett.
Rachel ala u enn atintt, al pouvo pu boujé.
Ché Fleury kil conduijo din sin foteul aroulett.
O swar i méto Rachel din sin li.
Epi alé mortt.

10. Enn per dané apré, cha été sin tour.
Ia gramin mégri.
Indzou dess kémish, té pouvo presk vir les zoch eud sé gampp.
Dell pio, dé veinn, dé zoch.

11. Su sin li dmor, in liavo mi sin bio palto in lénach nwar.
Dzeur in navo akroché smédal deul légion d'honneur.
Sé do, tourett, izétott croizé such drablan amidoné.

12. Chcrokmor i a aleumé enn kandell.
Ia fékerr deul bouji fondu dinch cherkeul.
Aprécha, ak sin komi, izon prin chkadaf, il lon mi din lkess.

13. Fleury ié parti din chell kamionett nwar.
Chéto liver.
I kéyo deul nesch.

14. Din chkavo, chés zoch i son toutt immélé.
Ia pudveinn, ia pu dpio.
Iafok séziu bleu à Fleury, qui ravisste ché goutt djio, ki queutt dech kouverk deuch cherkeul.

Lucien Suel
La version originale en français a été mise en ligne sur Silo en novembre 2005 sous le titre "Vétéran 14-18"
Adaptation en picard par l'auteur.

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jeudi 10 novembre 2011

La limace à tête de chat (17)

La limace à tête de chat perd de l'altitude.
The harder they come, the harder they fall.

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mercredi 9 novembre 2011

Express Poem #558

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mardi 8 novembre 2011

Suburban Monastery Death Poem 5

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE
DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS
TROISIÈME PARTIE - je crois que c'était sa sœur
QUATRIÈME PARTIE - le Parc de Forest Hills

CINQUIÈME PARTIE - paroles en l'air

on a dit que je devrais écrire
quelque chose de constructif
sur east cleveland

trouvez-moi un passeport - ça c'est du constructif !
envoyez-moi dans un pays libre
déportez-moi à Milwaukee
envoyez-moi dans la ville-lumière
ou dites-moi comment y arriver
& puis - en route !
j'ai peur d'y aller seul--

je ne vois pas d'autre moyen
pour que cette ville en moi survive
& je suis déjà trop vieux pour être votre avenir
vous êtes toujours trop en sécurité
vous arrivez toujours trop tard
tout le monde veut être jésus
tout le monde veut être martyr
tout le monde veut être un bodhisattva
sans se salir les mains
il ne semble plus que cela ait de l'importance
si la cause est juste

vous ne savez pas jouer pour gagner

vous passez tout votre temps en
« conversations profondes»
qui ne se concrétisent jamais en quoi
que ce soit de profond

vous me faites perdre mon temps
à attendre que vous éclaircissiez
les choses pour moi - vous ne me laissez pas
l'occasion de décider

vous vous prétendez adultes
mais quand vous agissez enfin
c'est par frustration
vous sentez glisser votre pouvoir imaginaire

vous ne vous trouverez jamais face à vous-mêmes
alors vous bondissez au secours des autres
très maladroits ............ comme des enfants
mangeurs de soleil ou des poètes déchirés
par des frustrations intérieures
comme des fous & des hors-la-loi
s'escrimant à détruire ce qu'ils
ne comprennent pas
vous enfilez votre sale petite armure naïve
d'enfant de 12 ans et vous m'apportez vos
clichés de sagesse que vous-mêmes
ne comprenez pas

combien m'ont demandé
« Que voulez-vous ? »
& quand je le leur ai dit
ils se sont détournés
sans comprendre ou effrayés
de comprendre
« conversations profondes ?»
c'est comme pour le
« face à face pacifique»
j'aimerais voir le jour où
la ville me fera face ouvertement
ou sincèrement pour autre chose
que l'information
« je peux vous ouvrir des portes »
dit la voix & elle oublie de vous donner
la formule magique, la formule de pouvoir
qui vous empêche de vous faire
claquer la porte au nez

je peux ouvrir les portes moi-même
& me les faire claquer au nez
pas besoin d'aide !

je ne peux même pas lire la plupart de mes poèmes
dans ce pays- & je ne veux pas les lire !
vous me demandez ce que je veux
& vous avez peur d'entendre
ce que j'ai peur de dire

je voulais dire
quelque chose sur l'amour
mais je ne crois pas que je pourrais supporter
la moindre de vos conneries paternalistes

je voulais vraiment dire
quelque chose sur l'amour
& la chance de devenir
l'adulte que vous n'avez jamais eu
le courage d'être
mais je ne crois pas que j'ai le
temps d'entendre votre psychologie
freudienne et jungienne définir
ce qu'est un adulte

voilà je voulais dire quelque chose
sur l'amour mais à la place je dirai
seulement, j'aimerais bien que vous
cessiez de mettre mes amis
en prison
& que vous m'achetiez un poème
de temps en temps & que vous cessiez de me faire
tant d'offres non payées
moi, je vous ai apporté tellement d'informations
gratuites que j'ai l'impression d'être
le bureau d'aide sociale

(à cleveland on s’est fait mettre dedans
pour avoir distribué des poèmes comme
l’aide sociale
les fonctionnaires de la mairie s’étranglaient
sur des poèmes beurre de cacahuète et soja -
très bizarre)

je voulais parler
d'east cleveland
mais ça m'est sorti de la tête-

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posted by Lucien Suel at 08:36 0 comments

lundi 7 novembre 2011

La limace à tête de chat (16)

La limace à tête de chat ne prend pas l'ascenseur.
The cat-headed slug doesn't need an elevator.

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posted by Lucien Suel at 08:09 2 comments

samedi 5 novembre 2011

KURT WITTER (2.V)

KURT WITTER est un roman-feuilleton expérimental.
Chaque chapitre est constitué de 10 blocs de texte (épisodes tweets de 140 signes) publiés sur mon compte Twitter.
(#KurtWitter)

Kurt Witter, Saison 1

Deuxième Saison

V


Tandis que G.P.-S. arpente l'île de Hjertøya sur les traces du grand dadaïste, ses amis se réunissent dans le logis de K.W. Mardi, traditionnelle partie de dadas opposant par tirage au sort Bloom-Sélavie à Witter-Haubal. À l'ordre du jour : rêves. (111-112)
Le jeu commence sous le signe de la méditation. On n'entend que les dés roulant sur le tapis et le piétinement des chevaux. Chacun rassemble les bribes intimes des rêves de la semaine passée en regardant le déplacement discontinu des dadas durcis. (113-114)

Quand tous les chevaux sont sortis des stalles, Kurt prend la parole pour décrire son vol aéronirique au-dessus du M.E.R.Z. L'ahurissement se lit sur les visages des auditeurs. Anna est si surprise qu'elle renverse le premier dada d'Hugues Haubal. Kurt relève l'animal et achève son récit par l'épisode Costume Noir Dream Machine. Blanche, Hugues et Anna sont bouche bée. (115-117)

Stade suprême de la connexion, ils ont expérimenté pour la première fois le rêve partagé. Blanche est la plus enthousiaste. L'astropataphysienne, en notant la présence bénéfique du M.E.R.Z., pense qu'il faut aussi prospecter la voie de la Machine. Kurt est OK. Il reste assez de place au centre du living pour l'installation. Hugues accepte de réunir tous les composants.(118-120)

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posted by Lucien Suel at 07:58 0 comments

vendredi 4 novembre 2011

La limace à tête de chat (15)

La limace à tête de chat cherche son chemin.
The cat-headed slug is trying to find its way.

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posted by Lucien Suel at 08:29 0 comments

jeudi 3 novembre 2011

Suburban Monastery Death Poem 4

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE
DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS
TROISIÈME PARTIE - je crois que c'était sa sœur

QUATRIÈME PARTIE - le Parc de Forest Hills

Le facteur me dit qu'il était écrivain
mais qu'il avait décidé qu'il aimait bien manger
voilà comment l'Amérique met au pas
ses écrivains

si j'ai un tant soit peu de courage
la semaine prochaine je me tuerai
chaque semaine je me dis ça
& je trouve quelque chose de nouveau à écrire
ou je trouve une nouvelle manière de dire ce que j'ai dit
la semaine passée

la dernière frontière médiévale
ohio gothique
un bordel catholique -
gardiens de la lumière - Foutaise !
copyright de Nicée- foutaise !
groupes ouspenkiens secrets
cachés dans les banlieues - scientologie Niveau 9
Cayce Atlantides - FOUTAISE !

tous ceux qui se servent des groupes pour échapper à leur responsabilité
envers la Réalité Présente

poésie - le dernier round avec
la dysenterie mentale
avant de faire face à la Réalité du Soi
en relation avec la réalité de
l'univers
poésie - la plus grande des foutaises !

Voici la Réalité

Monsieur Laflemme - Motel Luxembourg
Bar Tujaques – Quincaillerie Scotts
Compagnie du Verre & des Miroirs (mon ami
toujours en prison - je ne sais pas comment
le faire sortir - ça s'appelle
« le pouvoir des poètes » - c'est comme ça
que l'Amérique met ses poètes au pas)
Sinclair, Atlantic, Stations-Services Sunoco
plus de stations-services que de restaurants
une ville sympathique
si vous ne faites qu'y passer
SALUT JUGE ADAMS
oui, 20 000 $ est un bon prix pour
un permis de griller les feux, désolé, je
pensais à tirer un coup &
je n'ai pas vu le feu
vous pouvez avoir mon permis de conduire aussi
je ne peux pas m'offrir le stationnement dans cette ville

je me rappelle les soirées au vin vieux & à l’herbe & à la méthédrine
dans la Superior Avenue Hill
défoncés -contemplant les Tours de Forest Hills
des milliards de dollars pour un appartement
ils laissent un nègre emménager & ils pensent
qu'ils sont intégrés - lisent john updike &
le magazine look & le ladies home journal
trois blocs plus loin -des gens à l'aide sociale

vous êtes au sommet du locatif
& prétendez voir la ville
mais vous n'avez pas besoin de voir les jeunes
gens de couleur en haillons ou les loulous
du lycée qui piquent dans les magasins pour
pouvoir s'habiller décemment
LE PARC DE FOREST HILLS
vous fumez du shit & regardez les étoiles
jusqu'à ce que la police vous foute dehors
ainsi vous ne vous faites jamais tabasser par quelqu'un
qui ne fume pas d’herbe
les bons citoyens regardent tous la télé
pendant des années & des années
cependant
que les traditions de l'inconscient de masse jungien
& les sous-cultures sont transmises télépathiquement
tous les jeunes branchés
courant autour du parc défoncés
convaincus que personne n'a jamais fait ça avant

tout a déjà été fait

je connais des gens qui prennent de la dope
& regardent la TV - aucune moralité !
mélanger les mass-médias & la dope
connerie de merde
je ne peux pas sortir de l'ohio
Ingrid Swanberg, Aileen Goodson, AU SECOURS !

LE PARC DE FOREST HILLS plein de poètes défoncés
qui ne pouvaient pas écrire leurs visions hideuses
d'Ohio médiéval
chanteurs folks s'étranglant sur leurs protest songs
inouïs, se tenant par la main dans
l'obscurité de l'esprit pour oublier la
pauvreté & le manque de coopération &
font semblant un instant
de regarder les étoiles
comme les gens des Tours
se souvenant de vies antérieures
parce que cette vie a si peu à offrir
se défonçant plutôt que de marcher sur
leurs frères invisibles
fumant l'herbe pacifique
l'après-midi & riant
des enfants en balançoires
l'amour cosmique - tellement plus facile
plus propre qu'accepter toute responsabilité
- dans le temps
les gens se défonçaient
pour oublier quelques instants

aujourd'hui se défoncer
est un mode de vie
aussi débilitant que la télévision
& le christianisme ou le culte du journal
& la chaîne des trois huit
on est en 1968 & les fumeurs de shit à la chaîne
sont là J'AI PEUR des beautiful people
ils sont fous avec leurs cheveux longs - ils sont
fous ce sont des trous du cul irresponsables tout juste
comme leurs parents - ils ne veulent pas fabriquer des fusils
ils ne veulent pas tuer -malheur à l'économie
américaine

Les Macdonalds ont fait plus pour l'intégration
que le Gouvernement Fédéral... on devrait leur donner
une médaille. nègres caucasiens mongoliens
hippies (une race à part) intégration économique
intégration culturelle, tout le monde
derrière ces
hamburgers à 16c & les milkshakes à 20c

le Shopping Center de Superior Avenue
UN GRAND RIEN
l'Avant-Poste encerclé par des pompes funèbres

des gens vivent à 4 dans une pièce
pendant que ces
vieux manoirs scintillent d'enseignes au néon
passage gardé pour l'autre rive
donnez de l'acide aux croque-morts & les pompes funèbres
fermeront toutes - rendez
les manoirs au peuple

Le Dépôt Ferroviaire de Rockefeller ou quelque chose comme ça
un point de repère local, un machin traditionnel
qui vous donne le sens de la perspective
historique nécessaire pour survivre &
grandir - pour assurer la stabilité
on l'a démoli & remplacé par un parking


à east cleveland
j'ai été accepté
par des gens qui ne
savent pas comment m'accepter
par des gens qui ne savent pas
qui je suis

je suis maintenant initié
à part entière au culte secret
La Société Banlieusarde de la Mort
sacrifices humains devant
l'autel des étranges lucarnes

j'ai faim
bien qu'ayant rendu visite au
réfrigérateur 176 fois aujourd'hui
j'ai envie de manger la télévision
devenir lucarne
ne satisfait pas les bêtes affamées qui sont en moi
je n'arrive pas à communiquer avec
ce foutu machin - il ne fait
que « des dessins en pointillé
comme les décrit macluhan »

j'ai vu des vieux
parler à la machine
elle ne m'a jamais répondu
j'ai toujours faim

collectionner des timbres
n'apaise pas ma faim
je ne veux pas non plus
manger des timbres
(j'aime fumer de l'herbe & les regarder)
si j'essaie de devenir
les albums de timbres, ils se contentent de
répliquer avec encore de la merde
à la macluhan & aussi
quelques conneries sur la relativité d'einstein

j'ai encore faim !
il n'y a rien à faire
hormis changer la litière du minet
vider les ordures---

Le bateau de la mort restaurant c'est
le bloc d'à côté maintenant- j'y vais & prends un café
peut-être 3, 4, 10 fois par jour
il règne ici un étrange sentiment de liberté
sauvage- une sensation de propreté comme
quand vous quittez les E.U.
je regarde les nénés
de la jeune caissière grecque
une belle paire de nichons
un cul rond comme la pleine lune je regarde
le crucifix d'or pendiller entre
les nénés -j'écoute Zorba le Grec
joué par un orchestre mexicain au
jukebox - en sachant qu'elle n'a jamais lu
Kazantzakis
je suis assis à la table parfois avec
ma grand-mère tantrique nous tenant les mains
plus d'énergie sexuelle dans ses doigts
que dans tous les cons d'east cleveland
la paume de sa main
une fleur orange d'énergie chaude
(si les gens savaient ce qui se passait
entre nos mains sur le plateau de la table !)

je bois du café
bavarde avec des amis
rêve de baiser toutes les serveuses
pas parce que j'en ai envie
mais il n'y a rien d'autre à faire
il n'est pas sain de penser dans ce pays
me contente d'écrire des poèmes
de lire des livres
pas de place pour grandir
alors je m'installe - bois mon café
abîme mes chromosomes
regarde le vieux monde mourir
& me demande de quoi demain
sera fait sachant déjà
que je serai un hors-la-loi là aussi

ils m'attendent dans l'avenir
mais alors, je serai quelqu'un d'autre
criant dans l'obscurité
assis lorgnant
à travers les peintures pendues aux murs
perdu dans un labyrinthe de reflets de miroirs
pas certain de la place que j'occupe
ni de qui je suis
je me demande tranquillement qui je suis
& la voix dans ma tête me rappelle
« un des fils de la lumière, ressuscité »
connerie de merde - je veux dire
qu'est-ce que ça veut dire
de rêver de vies antérieures
le grand professeur assassiné
pour avoir parlé du soleil
exactement comme le Révérend King
assassiné - les Kennedy- assassinés !
symboles de la lumière - éteints

& la télépathe
qui se reposa une fois dans ma tête
& disparut

Vajra Yogini Au Secours !
Papa Legba - ouvre les portes
je ne veux plus mourir dans l'Ohio !Lien

Je suis fatigué de regarder mes frères
gâcher leurs vies à lutter contre la conscription
pour mourir en des guerres illégales

je suis fatigué d'avoir le cœur déchiré
chaque fois que je vois un de mes frères
remplacé par une étoile d'or dans la fenêtre

je suis fatigué d'écrire & de parler
à des légumes télévisionnaires
immunisés contre les systèmes de réalité multiple
inoculés via les vaccins de propagande des mass-médias

je suis fatigué de lire des choses sur les gens
qui meurent de faim en chine, en inde, dans les ozarks
dans les bidonvilles intérieurs des villes

je ne comprends pas l'économie théorique
mon monde est plein de gens & d'esprits
j'ai envie d'aller là où il y a encore
quelques éclairs de lumière
mon monde est plein de femmes imaginaires
au néon - fleurs électriques de l'amour

je désire aller là où je n'ai pas besoin
de faire semblant de n'être pas seul

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posted by Lucien Suel at 11:58 0 comments

mercredi 2 novembre 2011

La frite à moustache - 6

posted by Lucien Suel at 09:27 4 comments