lundi 28 février 2011

SOMBRE DUCASSE 8

Intermède troisième

BRIS-COLLAGE.

Les requins mangent des glaçons.
La lune de Tuxedo suce les violons.
Et moi, je brise & je colle.

Les Pirates Spirituels envahissent les radios.
Les pseudo-guides de la nation sont au-delà du Rien et du Râle.
Et moi, je brise & je colle.

L'Ondine et le Chevalier sont invisibles dans la tempête,
Les oiseaux bouillis dans l'aube vide.
Et moi, je brise & je colle.

Au pays des réducteurs de son, les derniers hommes n'ont pas le temps de faire de l'art.
Les garçons "pop" dessinent des cartes postales perverses ;
Nés pour être sauvages, ils ne sont que joliment vides
sur les marches du paradis de marbre !
Et moi, je brise & je colle.

Les corbeilles à papier de l'univers débordent de lettres d'amour
Jamais lues.
Les photocopieuses brûlent les images saintes.
Et moi, je brise & je colle.

QUI DANS LE BUNKER ?
QUI SUR LA BANQUISE ?
le cabaret voltaire ne répond plus.
et moi, je ..... & je .....

"Bris-Collage" publié en novembre 1985 dans le N° 8 de la revue RECTANGLE (C. Petchanatz,éd.)

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samedi 26 février 2011

Tintin mafflu

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jeudi 24 février 2011

Le lapin mystique (8)



Le lapin mystique


par Lucien Suel

8





Le désert nous encerclait. Le quandguru
lecteur de bande magnétique me tournait
le dos. Sa queue traçait un sillon dans
le sable. Il s'éloigna dans un bruit de
moteur suraigu. Je n'en croyais pas mes
oreilles : l'effet Doppler fonctionnait
à l'envers et les connaissances simples
que j'avais sur la locomotion terrestre
des macropodidés semblaient devenir des
illusions. Ces aberrations stupéfiantes
de la physique et de la zoologie mêlées
me plongeaient dans la perplexité. Tout
à coup, je sentis une caresse humide et
chaude sur mon visage. Le museau baveux
d'une vache se penchait vers moi. Je me
plaquai les mains sur la figure, autant
pour me protéger du brusque rayonnement
du soleil, que pour écarter les gluants
filets de salive bovine que le mufle de
l'animal tendait entre nous. Au vacarme
du moteur s'ajoutait maintenant, armada
ailée, le zézaiement sinusal d'un nuage
de mouches grises. Je comprenais enfin.

La trame de bave, la chaîne de broderie
aérienne, réunies, étaient une image de
la Maya. Me levant, je déchirai la soie
virtuelle. La vache s'écarta de moi, en
entraînant son auréole brownienne. L'os
de ma nuque était encore douloureux. Le
cageot démantibulé gisait au pied de ce
mur derrière lequel tout un drame avait
peut-être été joué pendant mon absence.

C'était donc le démarrage de la voiture
mystérieuse qui m'avait arraché au rêve
du corbeau. Que le kangourou n'a pas de
moteur, j'en étais sûr ! Et l'inversion
de l'effet Doppler s'expliquait ainsi :
l'automobile avait dû faire demi-tour à
l'entrée de la chapelle et mon oreille,
encore étourdie, n'avait perçu le bruit
du moteur que lorsque la voiture, après
avoir passé le ruisseau, était revenue,
moteur grondant, vers moi, évanoui dans
l'herbe, réchauffé par le souffle de la
vache miséricordieuse. J'avais retrouvé
tous mes esprits, tous mes sens. Le son
n'était plus qu'un léger bourdonnement.

Je m'ébranlai en direction de l'entrée.

Qu'allais-je trouver à l'intérieur ? Je
gardais à l'esprit la vision d'avant la
chute, la quasi-nudité de Laure face au
frémissement des lèvres du lapin géant.

Je ramassai dans l'herbe une bouteille.

C'était une vraie bouteille de bière en
verre marron. Elle était vide et fermée
par un capuchon de porcelaine blanche à
moitié ébréché. Le caoutchouc du tampon
était fendillé sur tout le pourtour. Vu
de l'intérieur de la bouteille, il aura
l'aspect d'un iris rougeâtre serrant la
blancheur de la pupille. J'assurai bien
le goulot dans mon poing, reprenant mon
avancée. Arrivé au porche, je repoussai
doucement de ma main libre le battant à
ma droite. Sans bruit, je me glissai en
rentrant le ventre dans l'entrouverture
diaphragmée. Collé au mur du fond de la
chapelle, je laissais mes yeux habituer
la pénombre ambiante. Je finis par voir
le dos blanc de Laure qui semblait être
prosternée devant l'estrade de l'autel.

Le lapin était invisible. Pourtant, une
odeur mêlée d'urine et d'encens vibrait
dans l'atmosphère. La monture en fil de
fer de la capsule me blessait la paume,
tant je malaxais le goulot. Soudain, il
y eut un bruit de galopade à ma gauche.

De derrière un tas de prie-Dieu cassés,
je vis surgir le Géant des Flandres. En
bonds fabuleux, il se ruait vers Laure.

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mardi 22 février 2011

Pouf-pouf

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lundi 21 février 2011

SOMBRE DUCASSE 7

CHAPITRE IV
DERNIÈRE CHARRETTE AVANT L'ÉCHAFAUD.

& puis une autre mort, accidentelle ! Extrême-Onction volatile après des semaines de privation... & puis la participation aux funérailles... & puis l'unique inhumation dans le cerveau de famille. Réunion à la mission mortuaire... Clash...
Ce grand envol de jupes, des années de cela, une main toute en plis. Mère... se pose sur mes boucles. Laisse tes mains au-dessus des draps ! Je vais te raconter. C'est gentil. L'était un marchand de pastilles pour ou contre la soif, Docteur Omnes pour vous servir... Un médecin marchand marron marrant, errant dans une maison envahie de plantes vertes, une odeur de parquet ciré. Jour de repos allongé dans la véranda... Pluie d'orage... Une grosse chatte qui ronfle... Mère, où ? Un pot de crème pour astiquer les aiguilles de l'horloge dans la salle d'attente.
Omnes sans ciller, sans souffler, sang sous ses paupières : il n'est pas utile de nettoyer les aiguilles ; l'horloge s'est arrêtée à bien des kilomètres d'ici, à l'orée du sommeil. Clash.
Mère... accrochée au téléphone de l'angoisse dans la parole. Une course à travers champs & le poste téléphonique qui sursaute à chaque sillon.
Dans la salle d'attente, le serpent me glisse des mains et plante ses crochets dans ma chair à travers l'étoffe bleue.
Les aiguilles... La crème...
A reculons vers la gare turque. Clash.

"Dernière charrette avant l'échafaud" publié en octobre 1981 dans le N° 23 de la revue LE PILON (J.-P. Lesieur, éd.)

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samedi 19 février 2011

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jeudi 17 février 2011

Le lapin mystique (7)



Le lapin mystique


par Lucien Suel

7






Inexorablement, la base de mon cageot a
commencé à glisser dans l'herbe fluide.

Mes bras ont baratté l'air. Je tombais.

Ma nuque fut première à toucher le sol.

A la verticale de mes yeux, le corbeau,
éclair noir entr'aperçu au moment de ma
chute, établissait la topographie de la
scène : un mammifère immobile, bras nus
en croix, cuisses ouvertes et maculées,
ventre tourné vers le ciel, défaillait,
la tête dans les tessons, les pieds sur
les planches brisées d'une caisse vide.

Dans l'oeil rond du freux, c'était moi.

Par quelle aberration étais-je passé du
léporidé au corvidé ? Quelle était donc
la puissance de cette acide hostie dont
j'avais ingéré la moitié ? Que se passe-
t-il dans la chapelle ? Pourquoi le dos
de Laure était-il nu ? Qu'allait tenter
le Géant des Flandres ? Qui mangera les
poireaux ? Pourquoi le topinambour est-
il boueux ? Où suis-je ? Le temps casse
ma prière. Mon ventre est noué. J'ai la
peur dans mes carotides. Je tombe vite.

Je sais que sous la terre, les racines,
les rhizomes et les tubercules joignent
leurs extrémités en lyrique fraternité.

Le maître du temps bondit à travers les
steppes spirituelles. J'aperçois le sac
de mon protecteur désigné, un angélique
gardien à la détente rapide qui parvint
à sauter, bombe astrale, du stroboscope
de l'intermittence divine. Le marsupial
messager s'arrête face à moi, sort d'un
coup sec, une cassette de son récipient
abdominal, me l'agite sous le nez, puis
recule de trois pas. Je le vois qui, du
bout du doigt, réintroduit délicatement
la cassette dans le logement ventral et
soudain, une voix abyssale monte du sac
entrouvert : "Tu n'as pas pris soin des
pattes du bon lapin, c'est pourquoi mon
courroux s'abat sur tes épaules." Ainsi
donc, le lapin me poursuivait. Les lois
et les règles m'avaient rejoint. Il n'y
avait qu'une seule explication possible
à ce retournement de ma situation. Dans
le monde souterrain, la communauté unie
des végétaux aveugles se convulsait une
fois encore. Ma souffrance augmente. Je
fixe l'ange austral qui retourne encore
la cassette dans son ventre. La voix me
traverse : "Celui-ci est mon fils aimé.
Avec l'esprit du corbeau, il administre
le désert humain. Il a existé en dehors
de toute chronologie. Il exaspère toute
question de temps. Il en est le maître,
le guru. Lui seul sait quand." Voici ce
que je savais maintenant. Le kangourou,
le corbeau et le bon lapin formaient la
trinité subreptice qui menaçait ma vie.

Avant de rejoindre Laure, il me fallait
donner réponse au rongeur hétéromorphe.

Sur une bande de papier kraft, souvenir
d'un énigmatique fardeau, je griffonnai
un message cocasse : "Corps beau, corps
vidé, là peint, les peaux ridées, quand
gourou maquereau pot d'idées." Je pliai
la missive et l'enfonçai dans le goulot
d'une bouteille vide. Le kangourou prit
la fillette et l'enfila dans sa besace.

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mardi 15 février 2011

Dessiner un jardinier

Avant d'en faire cadeau, Jacky Everaere dessine sur les livres :

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lundi 14 février 2011

SOMBRE DUCASSE 6

CHAPITRE III
PUNK IS DEAD ; ET TA SOEUR !

Lie terre rature... une lettre de Cosmik Galata (rappelez- vous : "cg") à tous les pros... ça s'est bien passé, monanamoure ? un rêve futututré (ô Kurt, je t'aimea!) que je n'ai même pas l'espoir de revivre encore dans la fumée bleue et l'odeur de suaire. Et que j'imagine Cosy Funny Tutti prendre le micro, en jouir... Et que je suis fatigué... Et que je bois un grand verre de vin rouge dans les lumières manipulées... Switch on/off... Erexion Annexion... Nom d'un objet ?

Chapitre jaune : Assis sur une chaise cannée, délabrée, Cosmik Galata fumait un petit en écoutant les aventures du camionneur de Junction City, Kansas. Le ciel était moyennement bleu. La fumée de l'herbe le fit tousser, puis il se gratta la joue. Les yeux de Cosmik Galata brillaient : "Le hasard met ma vie en danger. J'ai bien envie de ne plus rien faire du tout."
Un faire-part de décès... Des draps cousus, assemblés d'innombrables slips tachés... (Cosmik Galata bande au nez ontologique) (ô Kurt, je t'aime).

Le drame ne se déroule que lorsque les rideaux sont tombés. Inventions ternaires moites des nuits méditées (rat/géhenne). Et hier, je fais une dernière tentative, tu auras levé ce regard salpêtre en cœur vide avec des il faut des mots en foule de qui gloupent de ma gorge sans jamais s'arrêteront en foule de ma gorge au bout de ma main et manger ce savon un peu mou d'avoir trempé longtemps dans la cuvette et mâcher mouler dans les cheveux aspergés d'eau sale charbonneuse en grains de ciment et en place de parler... n'arrive qu'à cracher des blocs de morve sur le sol bleu-träkl et insensiblement élevé tout chargé de rêves baisant un immense garage n'oubliez pas la fumée devant les jaunes lueurs de cette lampe et la vie brute à chaque instant mélangée...

Ici & maintenant commence le prochain numéro du grand hebdomadaire quotidien : "DEMAINONRASERAGRATIS"
détruire brûle arrachons cochons chiant soufre usine de peste Death Factory enfonce dans la foule sanglant foetus au creux des reins poupée bleu-träkl pleurant fiché dans la poitrine un éclair vent aigre et froid déchirant l'anus de la terre sur une écharpe tricolore avec un miracle d'étoiles (ô starscrewer, je t'aime) et un vieux Juif caucasien très gentil avec un français très correct utilisant l'adjectif dérisoire pour qualifier le prix des putains du Galataseray d'Istanbul. Karadeniz ! Karadeniz !

C'est une nuit d'orange de bière et cg ne peut dormir bourrant ce manche de pioche dans la rectitude distendue du "chef d'état- major"... ceci est bien mieux que de dire non. "Rien n'est prévu, tout est permis." Dans les enclos techniques, tout est prévu, rien n'est permis. Ouvrez ! Polype !
Le toit brisé de la maison se laisse pénétrer par le soleil. Les enfants jouissent et madame Vénus au Poudding Shop récite les textes sacrés avec des tremblements affectés dans la gorge...
Ces sons entendus, ce sera trop tard mais vous vous en rendez compte déjà. La trouille de manquer est le commencement de la faim pour vous administrantes crapules. Ces choses font rire : laissez le fumier aux enfants si ne pouvez le dévorer à pleins groins, cow-boys à vous faire sourire. La lèpre atomique rampant hors des maisons de retraite. Pompez l'eau lustrale et nous disant oui à ces gros pourris culs d'aménageurs des territoires mentaux : merdeux centralistes ou écrivassières charognes, riant dans les nuages soufrés avec Elle.
Elle explosera. OK, ça doit finir.

"Punk is dead, et ta soeur !" a été publié pendant l'été 1981 dans la revue SPHINX, N° 12/13 (P. Mounier et J. Juin, éd.)

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vendredi 11 février 2011

Cellules-souches

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jeudi 10 février 2011

Le lapin mystique (6)



Le lapin mystique


par Lucien Suel

6





Les lèvres du vent vibraient longuement
dans la fronde des fils électriques que
je suivais pour retrouver la route vers
la chapelle de Laure. J'avançais sur le
bas-côté herbeux. Je perdais parfois la
cadence en trébuchant dans les rigoles,
les saignées creusées par le cantonnier
pour faciliter l'écoulement de la pluie
vers le fossé. A un moment, arrêtant ma
course, je soulevai, puis renversai sur
le dos, à l'aide d'un bâton, le cadavre
d'un porc-épic. Un tapis de vers blancs
ondulait dans le ventre de la charogne.

Je pensai un moment m'essuyer les pieds
dans cet amas élastique, mais levant au
ciel mon regard, je reconnus mon nuage.

Le vent d'ouest déchirait les oreilles,
les pattes et la queue du gros cumulus.

Je repartis, claudiquant sous les nues.

A travers les branches des sureaux, les
tuiles de la chapelle croustillaient au
loin. Je m'approchais, glissant sur les
tiges couchées du ray-grass. Un corbeau
s'époumonait entre la terre et le ciel.

Les criquets grésillaient sous mes pas.

Un parfum d'ozone et de purin tapissait
mes narines. Infiniment dégagé, le ciel
pesait de tout son bleu sur mes épaules
engourdies. Je m'arrêtai un instant. Le
vent s'était tu. Autour de ma cheville,
le lacet de sang coagulé s'écaillait au
soleil. Une longue automobile noire est
garée sur le bas-côté devant le porche.

J'avance lentement, accroupi sur le sol
comme un canard de Barbarie. Passant la
main sur la tôle du véhicule, j'en sens
la chaleur, la vibration étouffée, tous
les symptômes d'une évidente proximité.

Serait-ce la voiture du dépositaire des
mystérieux cadeaux ? Ayant fait le tour
de l'engin, je me dirige vers le mur de
la chapelle, là où un vitrail étoilé me
procurera la vision intérieure. Je dois
grimper sur un vieux cageot de bière et
tendre les mollets pour enfin permettre
à mon regard de plonger dans le choeur.

Laure me tournait le dos. Elle portait,
pour tout vêtement, autour de sa taille
de vespidé, les soyeuses ligatures dont
notre donateur avait entouré les clés à
pipes. Cette garniture mettait en avant
son gros derrière blanc dont les globes
semblaient illuminer la nef cruciforme.

Mon éblouissement fut bref. Je vis, sur
le sol, faisant face à Laure, un énorme
lapin, assis sur son arrière-train, qui
la dévorait de ses grands yeux roses et
mouillés, tout en remuant le nez. Je me
haussai davantage sur mon cageot et mon
visage embua le vitrail. J'attendais la
suite. Le Géant des Flandres se dressa.

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mardi 8 février 2011

La taupe

Un court poème de Gilles Weinzaepflen écrit après qu'il ait visité mon jardin :

La taupe est
Le lapin des greffes
Feuille de laitue
Joue de léopard

Porter lourd ou
Se tromper
Pour lire ouïr
Ça parle autophone




A partir du poème de Gilles,
mon bouturage en vers justifiés



La taupe est modèle des catalogues

Le lapin des greffes mandibule une
Feuille de laitue tendre proie sur
Joue de léopard au creux du jardin

Porter lourd ou mettre bas sourire
Se tromper de barrique la capacité
Pour lire ouïr sentir fouir délire
Ça parle autophone ça copie double

Pour mémoire, un courrier de Gilles :
Je vous annonce la projection de mon film documentaire "La Poésie s'appelle reviens"

Mardi 22 février à 19H30 à la SCAM
5 avenue Vélasquez - 75008 Paris
(métro Villiers ou Monceau)

Le nombre de places étant limité, merci de confirmer votre venue par retour de mail (gillestoog chez gmail point com)
Un verre suivra la projection qui dure 54 minutes.

« La Poésie s'appelle reviens »
Un film de Gilles Weinzaepflen, avec Nathalie Quintane, Ivar Ch'Vavar, Lucien Suel, Julien Blaine, Yves di Manno, Paul Otchakovsky-Laurens, Dorothée Volut, Eric Pesty, Jean-Marie Gleize, Stéphane Bérard, Noura Wedell, Jérôme Mauche, Anne-James Chaton, Christophe Tarkos, Charles Pennequin, Rudy Riciotti, Antoine Dufeu, Jacques Demarcq, Michaël Batalla, Myriam Marzouki, Christophe Manon, Sylvain Courtoux.

Au plaisir de vous y retrouver,
Gilles Weinzaepflen

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lundi 7 février 2011

Steenvorde Hi-Fi

Steenvorde Hi-Fi est un long poème d'Ivar Ch'Vavar en langue picarde. Il figure dans « Bander en automne », un recueil publié en 1994. Le musicien Arnaud Mirland s'est emparé de ce poème, a pris ici et là quelques vers, créant une version courte sur laquelle il a composé sa musique. D'après un ami averti, cette pièce « sonne un peu comme si Moby se faisait casser la gueule par Mark E Smith devant un Buffalo Grill sur l'autoroute de Dunkerque... »
Arnaud vient de mettre en ligne sa version de Steenvoorde Hi Fi. On peut l'écouter ICI et, en ouvrant une autre fàrn:ète (fenêtre), suivre les paroles ci-dessous. La traduction est littérale, non littéraire.

Steenvorde Hi-Fi

Ch'lézard i tchi ène mouque ë'c caston.nate dech ciu a s'àrfreunme
Le lézard chie une mouche et la cassonade du ciel se referme
Ch'ét dés mouques qu'is pass'të din mi
Ce sont des mouches qui passent dans moi
Prend apoéyéle pi paye-nous d'queuvèrche
Prends appui et parle-nous de couvercle
Os bruchrons tés dints si qu'të t'démaquore
Nous te brosserons les dents si tu te décharnes
Ch'oerainche a s'lére din ch'bleu dech ciu
L'orange s'enfouit dans le bleu du ciel
Mé ch'ét poure-a-v:érs pi fouf:éles
Mais c'est poudre aux vers et émois
T'aù métin doèt ëndin l'ëvniche
Tu as mis ton doigt dans la génisse
Ele a't tcheuroét din ch'dévalant
Elle courait dans la descente
Au-radoù ostrènm'mint rintitchè-ye din ti
A l'abri extrêmement enfoncé dans toi
Cho'c cate-soéri din s'cranque
La chauve-souris dans sa crampe
Carmèngne-savlon qu'ale inpoute din z'z àyures
Charogne-savon qui pue dans les haies
Toerdasse ed carmèngne, toerdasse ed louju
Colique de charogne, colique de cercueil
Pi croé-toerdasse
Et croix-colique
T'àrvlaù pi t'arvlaù qu'të t'garouye
Te revoilà et te revoilà qui les écarte
Jë 's sè-ye, eque t'é rouche pi carnuse
Je le sais bien que tu es rouge et charnue
Pi qu'të sin chés bairbouyes d'intàr tés...
Et que tu sens les groseilles entre les...
Tchèche qu'o-z àcoutrons – ech glaju
Qui écouterons-nous – le glaiëul
Bè qué glimon.nache din li -
Regarde quelle viscosité en lui -
Pair sin tuiyoù i nous férlainpe
Par son long tuyau il nous pompe
Noù cacoèngne é-pi noùs boéyoe-wes -
La cervelle et les boyaux -
Chés bétrapes is matchèngn'të lù bure
Les betteraves mastiquent leur beurre
Ech fochié pour li s'djérir
Le fossoyeur pour se guérir
I chuche du viu chiroù d'breuyes
Lèche un vieux sirop de viscères
Ché-z aloùts is routèl't' ed luijeurs
Les buissons ronronnent de lueurs
Ene brachie d'cate-soéris é-pi d'houpeus
Une brassée de chauves-souris et de hiboux
Lainchè-ye pa z'z àyures élastiques
Lancée par les haies élastiques
Si qu'të t'malote pon mi
Si tu bougonnes pas moi
Y'aù in treu din ch'ciu, ène fàrn:ète
Il y a un trou dans le ciel, une fenêtre
D'éclites pi d'crocro
D'éclairs et de cartilages

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jeudi 3 février 2011

Le lapin mystique (5)



Le lapin mystique


par Lucien Suel

5






Invisibles, à intervalles réguliers, un
pouce et un index me serraient durement
la nuque. Assis dans l'herbe lactifère,
j'étais la proie d'une amère épouvante.

Ma vision se dédoublait. Je contemplais
l'intérieur et l'extérieur, l'espace de
mon action et le moteur de celle-ci. Je
plongeais le regard dans mes entrailles
palpitantes, glissant le long de tuyaux
encombrés d'humeurs, fixant l'éclat des
soudaines liaisons axonales, dérapant à
l'ombre d'un boyau bouillonnant de gaz.

Dans le même temps, je suivais des yeux
la lente reptation d'un escargot sur la
boue qui recouvrait ma jambe droite. Le
gastéropode avait dû subir les caprices
puérils d'un adepte des marques, hideux
saducéen, qui lui avait méthodiquement,
abominablement et soigneusement écaillé
la coquille. L'amas de ses viscères nus
le suivait tout tremblotant. L'humidité
baveuse se confondait avec la croûte de
terre et de sang qui se craquelait tout
doucement sur mon genou dénudé. Du fond
de mes canaux intimes, mon oeil interne
remonta enfin. Je retrouvais une vision
simple. Mis à part l'escargot suintant,
j'étais seul dans le paysage stuporeux.

La moiteur des vertes graminées entrait
dans le fond de mon pantalon. Je sentis
une nouvelle fois la pression étrangère
de ces doigts sur ma nuque. Je réalisai
soudain que les pincements avaient leur
origine à l'intérieur de mon crâne. Une
sensation indicible estoqua mon esprit.

Le mollusque continuait son pèlerinage.

Ses cornes rétractiles se glissèrent en
tâtonnant dans l'échancrure que le vent
soulevait entre la peau de ma cuisse et
le tissu déchiré de mon pantalon. Je ne
me souvenais que de l'instant précédant
la déglutition, alors que je regardais,
fasciné, la patte de lapin glisser dans
le corsage de Laure. Ma langue recevait
la syllabe humaine. Et l'esprit explosa
dans un jaillissement torrentiel. Parmi
les éclats de souvenirs, je repérais la
main griffue de Laure qui dépiautait ma
vêture, arrachait l'étoffe, traçait des
lignes parallèles, une portée rouge sur
l'épaisseur épidermique. Je hurlais ces
neumes sanglants en galopant hors de la
chapelle, la tête embrasée, sous la nue
mouvante et sombre. Un fil de fer barbé
se tendit devant ma cheville. L'ergot y
planta son dard une seconde fois. Après
le seigle, la ferraille. J'étais rentré
dans mon propre corps. Je lisais toutes
les lignes à l'envers. L'acide rongeait
les connexions. Écumant, je m'écroulai.

Presque machinalement, frappant du plat
de la paume, ma cuisse, j'écrabouillai,
à travers le tissu, la bête infirme qui
s'aplatit avec un écoulement tiède dans
l'obscurité textile et poilue. Je levai
les yeux vers le ciel qui rosissait. Un
énorme nuage se détachait à contre-jour
dans l'aube froide. Son aspect cunicole
m'apparut instantanément comme un signe
évident de la pinçure antérieure. Laure
m'avait tatoué. Le soleil allait sécher
le jus d'escargot, la terre et le sang.

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mardi 1 février 2011

Sans titre (de transport)

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