samedi 26 juin 2010

TOUT SE PAYE

Pas comme la meuf que t’as niquée, en s’en allant, elle chialait comme un veau. (page 143)
Georges P. Pelecanos, Tout se paye, Le Seuil, mai 2003.

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posted by Mauricette Beaussart at 08:18 0 comments

jeudi 24 juin 2010

La limace à tête de chat (7)

posted by Lucien Suel at 07:13 0 comments

mercredi 23 juin 2010

SOMBRE DUCASSE 1

INTROMISSION

... des jours et des jours et des nuits et des nuits
que je flotte dans l'espace sans pouvoir rejoindre
mon vaisseau...
Ce matin, il a de nouveau gelé autour de moi ;
l'air commence à se vicier dans mon scaphandre ;
'serait temps que j'arrive ailleurs,
mes doigts s'engourdissent,
je mets parfois plusieurs jours pour écrire un poème.
Je n'ai plus de mémoire.
Combien de fois j'ai laissé bouillir le café ces derniers kilomètres ?
Je me déplace dans une région pour laquelle on n'a dressé aucune carte.
Donc, je m'allonge et j'écoute toute la musique.
De temps en temps, un mouvement de points lumineux
qui jaillissent devant mes yeux
ET J'AI LES YEUX OUVERTS.
"I'm gonna put on an iron shirt, and chase the Devil out of Earth."
"Entrez dans la danse, voyez comme on danse,
sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez !"
Je connais trop de monde...
Suis sur une orbite géostationnaire...
Ne quittez pas...
SOMBRE DUCASSE (1986)
LUCIEN SUEL
"Intromission" publié en juin 1985 dans la revue HERCULE DE PARIS (J.M. Baillieu, éd.)

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posted by Lucien Suel at 14:18 0 comments

mardi 22 juin 2010

VOUS POUVEZ M’APPELER GRAND-PERE.

Le droit d’exister est confisqué par la vamp consumériste.

On va donner de la profondeur au désespoir ambiant.

Vous êtes protégé dans l’hypermarché du saucisson. Le rire est rond, le rire est rare. La descente à la prochaine station est toujours sûre.
Monstre en loque, rebelle illusoire.
Bombyx virus.
Les tabous sont à bout. Le tabou t’habite, le totem t’entube.

On commente des écrivains à la noix qui rédigent des proverbes à la noix.

Pure joie au bout du cri : l’étendue d’une peau humaine, la délivrance du plaisir, chair de son, silence de pluie.

On regarde le crabe de la fièvre zigzaguer dans du néant.

Souvenirs des visages pâles des ouvrières, le soliloque des doigts dans la poussière de charbon, le regard perdu dans la terre brune, le sang séché.
L’état de grâce est à l’opposé de l’état de péché, la rage tenue entre la vie et la mort. Le commando Monica Lewinsky a fait mouche. La dérive des incontinents est de la purée en carafe. Le souvenir de deuxième classe est une bonne excuse pour patauger dans la salsa de la « communication ».
Desolation Row dans la nuit, mousse au creux des troncs, touffes de cresson, la boîte à prodiges, les chemins de traverse.
Les abeilles en compote dans un abattoir anonyme bourdonnent sur la langue. L’insecte en plastique zézaie au nom de la loi.
It’s only rock and roll.
Enlevez ces enfants perdus !
Les camions arrosent les bocages, roulent sur le mondialisme béton. Pour quia? Pour quoi ?
Gorge vampire.
Mouroir de bambou.
Les classes laborieuses à la neige.
Flocons d’avoine lavomatic.
La chanson du mort vivant s’est perdue dans le miroir.
Camion blindé.
Les gens couraient le cœur criblé de dettes.
Corps diplomatique esquimau planqué dans les igloos.
La salive entre les lèvres délivre de la lune carbonique.
La mort dans les narines, pharmacie nomade, chair abandonnée au capital.
La mandibule de l’équarrissage abandonne une tumeur indélébile. Toutes ces bouteilles amerrissent sur le sable, risques de blessures.

On fait tremper des biscuits pour Miss Tibet.

La température est de moins en moins fraîche. Ce jour là, été 1967, il menaçait de pleuvoir. La petite sirène socialiste tournait, bredouillant pour assurer ses arrières, bouche ouverte bleue d’ombre.
Murmure de la plèvre affrétant le cœur et les intestins dans le port d’Amsterdam.
La nappe blanche en ce mois de mai, se livre à domicile.
Sur les digues à Ostende : pisser, baver, picorer, inhaler à quatre pattes.
Le taxi n°23 se faisait son avancée triomphale vers la poésie. Ce type distribuait des doses à la caméra. Les spectateurs téléphones portables ruisselaient des langues.
Sérénade télévisée : le bouquet mou des lectures dans le halo technologique.
Une averse de papiers que le vent emporte.
Des mines réjouies dans des bonnets de laine
De quoi refroidir la bûche glacée en noir et gris.
Corbillard / sauce tomate / vieux chevaux / parc d’attractions / chaussons troués / sapin déplumé.
Des millions de sucettes de vérité foie gras et boudin.
Bananes dans les œufs.
Brouillard carré.
Ecoutez jeunes camés, la dope a pris le dessus sur le jeu. Ce fruit ovoïde vert et rose sentait déjà la mort.
Calme dans les campagnes, dealers d’eau douce.
Claude Pélieu en a mis un coup.
Vent noir dans le garage.
Amitiés illusions.
Dans sa mâchoire on voyait les dents de millions de soldats. Les sachets gobaient ses paroles. C’est pourtant simple, l’homme est capable de torturer l’homme, race maudite. Il est mort maintenant. Tous les junkies rêvaient d’un shoot à la casserole bouche d’égout en pleine lumière.
White light white heat dans l’absinthe.
Les vrais pêcheurs n’ont pas fait mieux. L’hémoglobine rejoignait la centrifugeuse.
Notre terrain de sang favori : la justice, l’humanité, la barbarie du canard.
La mort a du savon pour les consciences. Toutes les photos traînaient dans la morgue, dans la pisse de lapin. Ceux qui sont morts prolétaires prenaient de l’acide vache qui rit dans la banlieue morne des trous de nez. Partout l’éducation éradique les rebelles et les pauvres. Ils sont morts et n’auront servi à rien. Les sachets communautaires scellent les ombres molles.
William Seward Burroughs avait les crocs, le temps, la poudre et les hallucinogènes. Les écrivains grinçants s’unissent pour le sauvetage d’un éléphant à Manhattan. Dans les marées noires de la bidoche, dans les banlieues du chômage, des hommes et des femmes récitent des livres d’Allen Ginsberg, Jack Kerouac, Gregory Corso, Gary Snyder. La chair de poule reste immense. La bonne parole donne du tonus.
Sacs plastiques, bonbonnes de gaz, nourritures spirituelles.

On lance des appels à la vigilance sous les peupliers.

Globules rouges, portail automatique, vin de Californie.
Filles traînant gare de l’Est, sauvetage de l’Occident.
Soleil à Berck-Plage, le vent à l’estomac, la certitude de la fin.
Un ciel laiteux sous les aisselles, la jeunesse des années à venir.
Des bennes de plutonium arrivent sur la côte.

On range la marchandise dans un coin à l’abri de la lumière.

Crever est une œuvre de salubrité.
Jolies femmes business lexomil, juste un coup de chiffon pour dire vraiment clean.
Berck-Plage s’allume dans le soir en ivoire, catastrophes en planches, sable dans la corbeille.
Le vertige blanc de leur ventre clair.

On cherche un assassin pour le travail d’équipe.

La morale n’existe pas. Les progrès de la médecine avaient fait des miracles. Les bubons avaient disparu, les ventres étaient plats, les dents blanches. Des lolitas déversaient les courgettes (les créatures les plus merveilleuses de la planète).

On passe des années à faire pleurer les journalistes.

Fleurs et dessins disposés près des victimes, cut up du Velvet Underground enfoncé dans la bouche...
Les flics ont fini par faire des quinquagénaires peinards. La première arrestation a confirmé les journaux, le meurtre de Charles Manson, les pantomimes d’Eldridge Cleaver, la tournée des Merry Pranksters en rutabaga. Peu à peu les meurtres commencèrent à occuper les pommes de terre.

On s’enfile une bière de printemps.

Un revolver berçait sa rêverie. A partir d’un certain âge, on goûte chaque instant de bonté avec infiniment de volupté, la joie dans la sérénité du paysage, le luxe de la lenteur, le soleil sur le bord de mer à Berck-Plage, une pure merveille dépassant l’excitation de la mort. Le firmament revient avec la peau douce. C’est un temps d’avant la mort.
Aujourd’hui.
Hier.
La nostalgie.
Personne ne répond plus de rien.
Le firmament dans la fougère, la mémoire de framboise.
Les pensées sont congelées, les mots sous la pluie, la neige sur mon visage en sueur (trace d’un crime oublié).
Le désespoir du singe.
Le cul des papiers gras.
L’enfouissement des déchets.
Les consciences triées.
La pelote commerciale.
L’infamie boursière.
Les décapitations mouvementées.
Est-il encore possible de mourir sans payer ?
Nous sommes nés dans les livres, dans le bois des bibliothèques, derrière les barreaux des visages.
Dans le matin froid, derrière les barreaux des visages des poètes se lit le désespoir du singe.

Lucien Suel
La Tiremande, juin 2006

Ce poème a été écrit à la demande de Jean Azarel pour son projet "Papy Beat Generation", une façon de répondre quelques années après à l'ouvrage "Baby Beat Generation" édité à La Main Courante.
Après 4 ans, le projet vient de déboucher sur la publication d'un livre de 150 pages aux éditions Hors Sujet. Cet ouvrage est le fruit d'une collaboration entre trois auteurs : Jean Azarel, Alain Jégou et Lucien Suel.
On peut le commander chez l'éditeur : Hors Sujet, 35 rue Jules Simon, 56100 LORIENT (12 euros + 2 euros pour le port)

Lire un autre extrait sur le blog de Didier Moulinier.

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posted by Lucien Suel at 08:34 3 comments

lundi 21 juin 2010

Un poème d'Anne Ansquer

Marin

Sourire
au coude du comptoir
et le double impossible
du bleu

la table
et l’océan
au temps que viennent mordre
les mots des mains

vous ne finissez pas vos phrases
pourquoi
de mots enfouis
ou de regard

c’est que nos vies
c’est de la peau
vous dites

et vos yeux dorent
le monde
l’alliance, la porte en vous
le risque de terrien
l’ignore
et les femmes aimantées
de votre corps -et -biens

(vous souriez)

au règne entrebrassé de mer
et de copains
vous n’en avez jamais assez

le bateau indécis
de votre alcool à désirer
partir:::::::::::: à désirer
rester

votre fleur de silence mauve
au cœur,

la rose rouge d’une parole

« Marin , Sens attentionnel », à St Guénolé, juillet 2009
A. Ansquer©

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posted by Lucien Suel at 19:00 0 comments