jeudi 2 avril 2009

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (7)

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (7)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.
VII

MAURICETTE BEAUSSART, AU FOUR BARS INN, RACONTE SON
HISTOIRE AUX TROIS HOMMES !


« Je vous demande de m'excuser, mais aucun de vous
trois ne peut être la dernière personne au monde à
avoir vu Cosmik Galata vivant ! C'est moi qui l'ai
vu la dernière ; c'est moi aussi qui ai prévenu le
commandant du corps au Q.G. Mon nom est Mauricette
Beaussart. En 1940 j'ai été arrêtée par la Gestapo
pour espionnage. La mort tombe vite sur un espion.

Cet homme, Cosmik Galata, a été mis dans la prison
où je me trouvais. Il m'a parlé de sa mission, son
message à transmettre. Il était parvenu à deux pas
du Q.G., mais il n'avait pas eu le temps de donner
le papier. Je savais où était installé le Quartier
Général, pas très loin de la prison où nous étions
enfermés. Cela ne nous avançait pas à grand chose,
puisque nous allions être fusillés ; Cosmik Galata
dit que, puisque je savais où se trouvait le Q.G.,
je devais m'échapper et confier le papier kraft au
commandement. Je ne voyais pas comment je pourrais
m'enfuir mais il me dit qu'il s'arrangerait et que
je ne devais pas m'inquiéter. Lorsque le soldat de
garde est entré dans la cellule pour nous donner à
manger, Cosmik Galata a plongé dans ses jambes. Il
lui a pété la figure, s'est emparé du fusil et des
clefs. Nous sommes sortis de la cellule. Et il m'a
obligée à fuir en avant. Je voulais que l'on parte
ensemble, mais il voulait couvrir mon derrière. Je
devais passer. Il m'a fait jurer ceci : il fallait
que je me rende au Four Bars Inn, à Cardiff, le 20
mai 1960. J'y retrouverai ses trois amis pour leur
révéler ce qui était advenu ; après, j'ai escaladé
le mur d'enceinte alors qu'il protégeait ma fuite.

C'est à ce moment, quand j'étais au sommet du mur,
qu'il a trouvé sa fin ! J'ai transmis le papier au
Q.G. J'ai été décorée avec la Croix de Guerre mais
je n'ai pas oublié ce qu'il m'avait demandé. Donc,
hier matin, j'ai pris le ferry à Calais pour venir
à mon rendez-vous . Depuis ces affreux événements,
j'ai tenté d'en savoir plus sur Cosmik Galata ; je
sais qu'il avait été compté manquant, présumé mort
pendant la Première Guerre Mondiale, en juin 1918.

Après, plus rien. Pas de nouvelles. » Tous restent
muets un moment, puis Mauricette Beaussart vide sa
chope et William énonce alors la question : « Mais
pourquoi nous avoir fait venir là spécialement ? »

Le patron du Four Bars Inn, qui s'est approché, un
torchon à la main, répond soudain d'une voix grave
légèrement tremblotante : « Je peux vous le dire !

Je peux vous fournir une explication ! Ecoutez-moi
bien ! Mon frère Cosmik Galata est né ici. Daddy &
Mummy
dirigeaient ce pub. Je leur ai succédé quand
ils sont morts. » Le patron du bar s'approche d'un
meuble. Il y prend la photo encadrée de noir. Tous
se lèvent. Ils se penchent et regardent par-dessus
l'épaule de Monsieur Galata. « La photo date de la
Grande Guerre. A compter de ce jour de mai 1918 où
il fut signalé absent jusqu'à aujourd'hui, j'étais
absolument persuadé qu'il avait été tué lors de la
Première Guerre Mondiale. » Tous ont le coeur ému.

Mauricette Beaussart, les larmes aux yeux, fouille
dans son sac à main et dit : « Monsieur Galata, je
vous en prie, acceptez cette décoration ! Fixez-la
sous le cliché de votre frère ! Elle devait être à
lui ! Oui, votre frère était un brave courageux et
vaillant, Monsieur ! » Oui vraiment, Cosmik Galata
était un brave. En cette soirée de mai 1960, trois
hommes et une femme lèvent leur verre. Ils portent
un toast à leur fameux sauveur. « A Cosmik Galata,
nous ne l'oublierons jamais ! » « Bravo, Bravo ! »

Au garde-à-vous, devant une photo jaunie de Cosmik
Galata, le patron du pub rend un ultime hommage au
héros, son frère ; cet homme qui s'est enfui plein
d'épouvante lors d'une guerre... et qui est mort à
à la suivante avec une grande vaillance, mort à la
suivante avec une grande vaillance, qui est mort à
la suivante avec une grande vaillance, la suivante
avec une grande vaillance, la suivante suivante...
Lucien Suel

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posted by Lucien Suel at 08:48