lundi 30 mars 2009

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (6)

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (6)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.
VI

AU FOUR BARS INN, WILLIAM BROWN PARLE :


« Avec la motocyclette volée, Galata et moi, avons
réussi à établir le lien avec une troupe alliée en
retraite vers Dunkerque. Nous avons pris une place
dans leur cortège. Je me sentais réconforté ; nous
n'étions plus isolés. Je ne savais de quelle façon
remercier Cosmik. J'avais une forte curiosité pour
celui qui avait tant fait pour nous ; j'ai demandé
ce qui était arrivé à sa compagnie. Il m'a répondu
qu'elle avait été annihilée. Ils avaient essayé de
contre-attaquer mais c'était inutile, il n'y avait
rien à faire ! Nous parlions au milieu du bruit de
moteur. Nous passions devant des tombereaux pleins
de meubles, tirés par des chevaux. La foule fuyait
devant l'avance allemande. Cosmik parlait d'un ton
monocorde. Je comprenais que cet homme avait perdu
tous ses camarades. Je lui dis que de toute façon,
il n'aurait rien pu faire, mais il s'imaginait que
s'il était resté, il aurait pu les sauver. Mais il
s'était enfui. Il avait eu tort... Mais il n'était
pas possible de supporter un tel tir de barrage...

Il avait été frappé de panique. Je ne comprenais à
vrai dire pas grand chose à ce qu'il me racontait.

On atteignait le pont sur le canal de Furnes. D'un
geste de la main, un bidasse faisait signe de nous
dépêcher. En effet, on allait faire sauter le pont
car l'ennemi approchait rapidement vers Dunkerque.

Tout à coup, le moteur de la motocyclette hoqueta.

Je m'emportai contre l'engin bronchiteux. En fait,
c'était la panne d'essence. Nous nous arrêtâmes au
seuil du pont. Un sergent m'enjoignit d'enlever ce
tas de ferraille du passage. Au lieu de se fâcher,
je lui demandai de nous aider. A l'entrée du pont,
le trafic ralentissait. Un véhicule attardé voulut
traverser. Je fis signe au chauffeur de s'arrêter.

Je demandai s'il pouvait nous prendre à bord de ce
camion. Il n'avait pas de place pour nous deux. Le
camion était chargé de prisonniers. Je fis le tour
du camion par curiosité ; c'était la première fois
que je voyais des prisonniers. Et il en y avait un
bon stock. Je plaisantai en conseillant au sergent
qui les gardait à l'arrière de ne pas leur laisser
la clé. Soudain, Cosmik qui se tenait près de moi,
cria : « Stop it ! Arrêtez ce camion, il n'y a pas
de prisonniers ! C'est un piège ! » Un M.P. braqua
son pistolet-mitrailleur sur la cabine, forçant le
conducteur à stopper. Sous la bâche du camion, des
jurons en allemand retentirent. Puis une fusillade
éclata et le pont devint un champ de bataille. Les
pseudo-prisonniers avaient sauté en bas du camion,
empoignant les armes qu'ils avaient cachées. Mais,
trop encerclés, les Allemands se rendirent. Galata
expliqua qu'ils voulaient passer le pont, le tenir
jusqu'à l'arrivée des tanks allemands. La surprise
étant avec eux, ils auraient pu réussir leur coup.

Sans Cosmik Galata, le pont du canal de Furnes eut
pu être pris. Alors, tous les tanks auraient eu la
voie libre. Quand je lui demandai comment il avait
eu vent de la ruse, Cosmik parla de son intuition.

Les Allemands réellement désarmés pour cette fois,
furent installés sous bonne garde dans la voiture.

Soudain, en sens inverse on vit arriver un soldat,
une estafette sur une motocyclette. Le M.P. bloqua
le passage en levant la main. Il fit remarquer que
la moto allait dans la mauvaise direction. Tentant
de s'arrêter, l'estafette perdit le contrôle de sa
machine qui se renversa sur le pont. Les jambes du
pilote s'étaient fracturées dans la chute ; Galata
vint près du jeune soldat qui, malgré la blessure,
voulait se relever. Cosmik lui conseilla de rester
calme. Le motocycliste voulait continuer. Il était
chargé d'une mission difficile en Belgique. Il lui
fallait absolument arriver au Quartier Général, où
qu'il se trouvât ; on n'arrivait plus à le joindre
par radio. C'était une mission sans grand espoir !

Cosmik inspecta la feuille de papier kraft. Il dit
qu'il avait enfin trouvé la réponse au problème, à
son problème. Je ne comprenais pas ce qu'il disait
là. C'était une énigme. Je lui demandai de m'aider
à bouger le blessé. Le pitoyable garçon levait les
yeux sur Cosmik Galata. Il semblait très jeune. Il
avait peut-être menti sur son âge pour se livrer à
l'aventure de la guerre ; il interrogea Cosmik qui
lui dit qu'il irait à sa place, en Belgique, qu'il
trouverait le Quartier Général pour lui. Je pensai
que c'était une résolution naze. Pourquoi irait-il
se remettre là-dedans alors qu'ici nous avions une
chance de nous en tirer ? Cosmik me dit de partir.

Je devais emmener le blessé avec moi. Il releva la
moto, s'installa dessus, me sourit en disant qu'il
avait eu plaisir à me rencontrer et partit dans la
direction de l'Est, du danger. Je ne savais pas ce
qu'il ferait, mais si quelqu'un arrivait à trouver
le Q.G. et le commandant, c'était bien Cosmik ! En
fait, le commandant est bien revenu, plus tard, et
grâce à lui ! Vous conviendrez donc que c'est bien
moi qui suis le dernier à avoir vu Galata. » (Ici,
encore une note pour les lecteurs de cette oeuvre.
Après les récits des trois soldats, nous terminons
cette chronique en faisant intervenir une cliente,
puis le patron du
Four Bars Inn de Cardiff.) Ayant
fini leur récit, les trois amis allaient vider une
dernière pinte avant le départ, lorsqu'une vieille
femme, aux lunettes fumées, assise à la table près
d'eux, se leva avec son verre en amenant sa chaise
derrière elle. Sans façon, elle s'approcha et vint
s'installer entre William et Burroughs, en face de
Lennon. Les trois étaient tout à fait sidérés. Ils
le furent bien plus encore quand, verre à la main,
Mauricette Beaussart, c'était son nom, commença le
récit de ses aventures. Le mystère va s'éclaircir.
à suivre...

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vendredi 27 mars 2009

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (5)

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (5)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.

V
RECIT D'ALBERT LENNON AU FOUR BARS INN.
« Nous avons quitté la ferme en ruines en galopant
dans les prés. En remontant la colline, nous avons
aperçu une moto abandonnée, manifestement celle de
l'Allemand que Cosmik Galata avait laissé groggy à
la ferme. William suggéra de voler la moto. Il dit
qu'il se sentait capable de la conduire. Au moment
où nous allions confisquer la moto, le restant des
membres de l'escouade allemande apparut. Nous nous
jetâmes sur le sol. Les Allemands à l'exception de
deux d'entre eux descendirent vers la ferme pour y
rejoindre leur camarade. Ils ignoraient quel avait
été son triste sort. William et moi nous décidâmes
à jouer notre va-tout. Nous approchâmes en rampant
des deux sentinelles. La crosse de mon arme suivit
un arc de cercle foudroyant qui stoppa pile sur le
crâne de mon ennemi, tandis que William tordait le
cou du deuxième par une clef très efficace. Alarmé
par le bruit du démarrage du moteur qui repartait,
le reste du groupe revint. Nous étions poursuivis.

Je me retournai. Accroupi dans le side-car, je vis
au loin la meute des motos adverses se rapprocher.

C'était une course désespérée. Nous atteignîmes le
canal de la Haute-Colme. William s'informa sur mes
capacités de nageur. Nous n'aurions pas la liberté
d'une baignade. Il était déjà trop tard pour cela.

Ils n'étaient plus loin de nous. Il faudrait qu'on
défende notre peau. Subitement, alors que l'ennemi
arrivait à portée de nos armes, une grenade lancée
d'un buisson fit voler en miettes la moto de tête.

Je reconnus sur le coup, dans son costume de tweed
gris, la silhouette de Cosmik Galata. Il venait de
nous sauver. Nous l'accueillîmes avec joie et nous
lui demandâmes d'où il venait. Il ne répondit pas,
mais nous conseilla de suivre le chemin de halage,
le long du canal de la Colme. William se hissa sur
la moto. Cosmik s'installa derrière lui. Et moi je
m'assis dans le side-car. J'étais satisfait d'être
du côté opposé à la berge : j'avais la crainte que
William ne nous renverse une fois de plus. Tout en
roulant, Cosmik Galata nous rassura sur le sort de
Charlie. En longeant le canal, nous nous dirigions
vers les dunes de sable du littoral. En arrivant à
Bergues, nous découvrîmes un barrage à l'entrée du
village. La moto s'immobilisa à plusieurs dizaines
de mètres. Des coups de feu claquèrent. On pensait
que les Allemands étaient là. Cosmik nous détrompa
et nous expliqua que c'étaient les gens de Bergues
qui tiraient sur nous, parce qu'ils nous croyaient
des envahisseurs, à cause de la moto allemande que
nous avions volée. Cosmik nous donna le conseil de
lever les mains. Sans délai, quelques habitants du
cru, en compagnie d'un gendarme et de sept soldats
belges, s'avancèrent vers nous, très énervés. Nous
les priâmes de nous laisser passer le barrage. Ils
étaient épatés par le fait que nous ayons pris une
motocyclette aux conquérants venus de Germanie. Le
groupe des villageois ne savait plus quoi décider.

C'était la seconde fois de leur vie que cet ennemi
infestait leur terre. La radio ne donnait plus que
des très mauvaises nouvelles. Les jeunes voulaient
se battre. Cosmik Galata les dissuada, il expliqua
qu'à (sic) son avis, il était maintenant trop tard
et qu'il fallait laisser les Allemands en paix. Je
demeurais pantois en l'entendant s'exprimer ainsi.

Aussi l'apostrophai-je en disant qu'il n'était pas
surprenant que l'ennemi avançât aussi vite si tout
un chacun tenait un tel discours. Galata essaya de
se justifier en disant qu'il est inutile de lancer
des civils inexpérimentés face à de telles armées,
d'autant que les alliés eux-mêmes n'avaient pas pu
réussir. Alors, pourquoi vouloir faire expirer ces
gens ? Mon opinion ne changerait pas : Si la balle
porte ton nom, rien à faire pour y échapper ! Déjà
un vol de Stukas vibrait dans les cieux, assassins
de sang froid balançant leurs bombes, boum boum au
milieu de Bergues, laissant tous ces morts et tous
ces invalides. Galata pensait encore qu'il fallait
filer au plus vite. Le long du canal, les éléments
mécanisés de l'armée allemande profilaient déjà le
museau. Obstiné comme un idéaliste, je refusais de
démarrer. Je ne pouvais pas lâcher ces gens en cet
instant. William était de mon avis. Finalement, on
prit place dans la barricade ; Galata estimait que
c'était de la folie, mais il nous fallait le faire
avec tous ceux qui s'engageaient à prendre part au
combat. Cosmik Galata prit la direction du groupe.

Il nous recommanda de ne pas tirer avant un ordre.

Il attendit que les blindés soient à moins de cent
mètres et il ordonna le feu. A la première rafale,
le camion de tête fit une embardée. Il se renversa
sur le chemin de halage. La voiture qui le suivait
bascula dans le canal au milieu d'une gerbe d'eau.

A ce moment-là, je reçus une balle. Avec l'aide de
quelques soldats belges, je fus porté dans la plus
proche maison, celle de l'éclusier. Les soldats me
déposèrent sur une paillasse. William trouvait que
l'action était bonne, mais qu'il serait impossible
de tuer tous ces Teutons. Alors Galata nous dit de
nous rendre. Et c'est là que j'ai dû m'évanouir. »
à suivre...

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mardi 24 mars 2009

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (4)

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (4)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.

IV

SUITE DU RECIT PAR CHARLIE BURROUGHS...

« Et nous avons commencé à cheminer par les champs
et les près. Cosmik semblait connaître le pays. Au
bout d'une heure au sortir d'un chemin creux, nous
sommes arrivés à l'entrée de Steenwerck devant une
ferme. Cosmik pensait qu'on pourrait se reposer un
moment. Des camions de l'arrière-garde passeraient
peut-être par là. Moi, j'étais toujours apeuré. Je
me demandais si le paysan n'allait pas nous livrer
aux ennemis. Cosmik Galata me dit que les Flamands
sont de braves gens. Il s'abusait. Le péquenot dit
qu'il ne voulait pas de nous chez lui ; j'eus beau
lui répéter qu'on partirait au passage d'un camion
britannique. Il ne voulut rien savoir. Il est vrai
que cacher des soldats est une fonction dangereuse
pour celui qui a une famille à protéger ; l'épouse
et la fille du fermier flamand restaient derrière,
craintivement appuyées l'une à l'autre. A force de
persuasion, le plouc céda. Cosmik lui assurait que
les Allemands ne viendraient pas ici, lorsque tout
à coup, on entendit un bourdonnement de moteur. Je
savais bien que ce n'était pas un fantôme écossais
qui entrait dans la cour, mais plutôt un blindé de
la Wehrmacht. On était des rats pris au piège. Les
paysans pleurnichaient, ils étaient sans illusions
sur l'issue fatale. Cosmik Galata a dit au fermier
que nous allions nous cacher dans le grenier, dans
la grange. Il l'a mis en garde contre une trahison
éventuelle en le menaçant de rétorsions terribles.

Le fermier jura de ne pas révéler notre existence.

Nous avons alors accédé à la grange en passant par
le derrière de la maison. Vite nous avons escaladé
l'échelle. J'étais fourbu et me laissai tomber sur
la paille. Allongés au bord du grenier, nous avons
espionné l'automitrailleuse blindée. Un des Boches
était descendu et parlait avec le paysan. Rien que
mes respirations haletantes troublaient le silence
de la grange. Une sueur glacée dégoulinait le long
de mon dos, entre mes omoplates. Le moteur changea
de régime ! Le véhicule ennemi avançait vers nous.

Il s'arrêta pile sous le porche de la grange. Nous
étions presque persuadés que le fermier nous avait
trahis. Alors, Cosmik Galata empoigna la grenade à
manche. Il allait la jeter quand nous comprîmes la
volte-face des Fritz. Au loin, vers Hazebrouck, on
voyait arriver des camions britanniques en convoi.

L'auto-mitrailleuse avait fait tourner sa tourelle
vers nos amis. Le paysan ne nous avait pas trahis.

L'ennemi tendait son piège. Le convoi passa devant
l'entrée de la ferme et les Allemands firent feu !

Heureusement, le tir n'était pas très bien réglé !

Bien trop court... Complètement raté... Le premier
véhicule s'arrêta sur le côté. Les nôtres allaient
s'abriter derrière le mur de clôture. Mon sang fit
un seul tour ; il fallait sauver nos compatriotes.

Je demandai à Cosmik de lancer des grenades sur la
tourelle de cette machine à nos pieds. Mais Cosmik
me fit remarquer qu'elles ne feraient que rebondir
sur le blindage sans causer de grands dégâts à ses
occupants. Il y avait une meilleure chose à faire,
se servir du broyeur sur roues qui se trouvait ici
à nos côtés. Nous l'entourâmes avec un gros câble.

Je soulevai le palan. Cosmik fixa le crochet de la
chaîne au broyeur. En poussant avec toute la force
dont nous pouvions user, nous réussîmes à orienter
la machine suspendue au palan au-dessus du blindé.

Alors, je lâchai la chaîne et le lourd engin tomba
sur le canon. Avec un fracas horrible, la tourelle
frontale se déchira comme du papier kraft. C'était
merveilleux ! Les Allemands tentèrent de sortir et
à ce moment, Galata lança une grenade dans le trou
de la tourelle. Les ennemis passèrent sur-le-champ
de vie à trépas. Le capitaine du convoi de camions
nous offrit de nous emporter... C'était une chance
d'atteindre une zone plus paisible. Cosmik refusa.

Quand je passai la ridelle du camion, il dit qu'il
lui restait une petite chose à faire avant de s'en
aller. Pendant que le véhicule s'éloignait, je lui
fis signe de la main tout en pensant que je devais
la vie à cet étrange bonhomme. Je pensais aussi au
rendez-vous dans vingt ans, à la rencontre au Four
Bars Inn
songeant que j'y serai et..., j'y suis. »
à suivre...

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vendredi 20 mars 2009

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (3)

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (3)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.
III
VINGT ANS PLUS TARD ! (LE 20 MAI 1960).

Dans la salle du Four Bars Inn, en face du château
de Cardiff, deux hommes sont assis avec une bière.
Ils se lèvent et accueillent un chauffeur de taxi.
« Je vous aurais reconnus n'importe où ! Lennon et
ce bon balourd de Burroughs en personne. » William
Brown avance, une casquette de chauffeur de taxi à
la main. Les trois hommes se secouent avec vigueur
les mains. William se prend une pinte au bar, puis
rejoint ses deux potes à la table. Burroughs parle
de ses affaires, Lennon de sa prochaine exposition
et William Brown de son taxi tout nouveau. Pendant
ce temps, ils ne cessent de surveiller la porte du
pub. Après un fameux nombre d'allers et retours au
bar pour remplir les pintes, suivis pour les vider
de maints allers et retours vers l'urinoir du Four
Bars Inn
, le trio d'anciens combattants s'inquiète
de l'absence de Cosmik Galata : « Il est passé dix
heures maintenant ! Je crois qu'on ne le verra pas
aujourd'hui. » « Il est peut-être mort. » Pourtant
c'est Cosmik Galata qui a choisi le rendez-vous et
lui seul n'est pas là ce soir ! La voix nasillarde
caractéristique de Burroughs résonne dans le bar :
« C'est un type étrange, ce Cosmik Galata. J'ai de
toute évidence été le dernier à le voir ! » « Non,
c'est moi ! » « Non, vous vous trompez ! C'est moi
qui l'ai vu le dernier ! » William Brown l'emporte
dans la discussion. « Remember, on avait décidé de
diviser le groupe pour gagner la côte... Galata et
Burroughs sont partis... », Charlie Burroughs fait
son retour en arrière... Il avait alors 21 ans. Il
avait peur. « Après votre départ, Cosmik Galata et
moi attendîmes un peu. Pendant plusieurs secondes,
nous sommes restés dans la ferme. La vérité vraie,
c'est que j'avais peur de filer. Galata m'a dit de
me calmer et que nous pourrions partir un peu plus
tard. Tout à coup, dans un épouvantable vacarme de
vitres cassées, un ordre a retenti en allemand. Un
ennemi me visait à travers la vitre. J'étais comme
hypnotisé par le trou de son Schmeisser ; un lapin
face à un cobra. Cosmik Galata était collé au mur,
hors la vue de l'Allemand. Il est passé vivement à
l'action en saisissant le canon du fusil, il a, en
même temps, balancé une droite fulgurante dans les
dents du Boche qui s'est écroulé dehors absolument
naze. Nous sommes sortis et Cosmik Galata a bourré
ses poches avec les munitions du soldat sonné, lui
a extrait ses grenades et me les a collées dans ma
ceinture. Je voulais m'en aller. Je lui ai demandé
s'il pensait rester avec moi. Il était d'accord et
veillerait à ce que je m'en sorte au mieux. » (Ici
note pour le lecteur
: Cosmik Galata est confiant.
C'est un homme tout différent du jeune garçon dont
les nerfs avaient flanché en mai 1918 sous l'effet
d'un tir de barrage.
Fin de la note d'explication)
à suivre...

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lundi 16 mars 2009

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (2)

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (2)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.

II

UNE GENERATION PLUS TARD (EN MAI 1940).

La même ferme est toujours au même endroit. Encore
une fois, les Allemands envahissent le Nord. Trois
combattants britanniques se serrent dans la cabine
d'un camion militaire qui avance sous la pluie. Le
trio, séparé de sa compagnie, tente d'atteindre le
littoral. William Brown, le chauffeur, ne fait pas
attention aux remarques de son camarade Burroughs.
« Slowly, Bill ! Sans quoi nous irons au fossé. »,
et Brown répond : « Cesse de râler, Burroughs ! Ce
tas de ferraille nous amènera bien à Dunkerque ! »
Entre William et Charlie, le troisième soldat, the
third soldier
Albert Lennon reste muet dessous son
casque. A qui pense-t-il ? William est confiant...

Mais quel malheur, la roue avant-gauche roule dans
un cratère d'obus. « Ah ! je l'avais bien dit ! »,
glapit Charlie. « Nous ne sommes pas morts. », lui
répond William Brown. Malheureusement, le véhicule
est naze. Il s'est affalé sur le côté dans le trou
d'obus à moitié plein d'eau. Quelle déveine ! Leur
espoir d'échapper aux tenailles ennemies s'amincit
rapidement. Pauvre Charlie Burroughs, il déprime à
fond la caisse : « Maintenant, c'est fichu, on n'a
plus une chance ! » « Ce qui doit arriver, arrive,
mon pauvre Charlie ! » répond Brown. Albert Lennon
remonte du cratère après avoir sorti du camion les
flingues de ses potes. Albert, l'artiste, il croit
au destin. Si la balle porte ton nom, rien à faire
pour l'éviter. Le bruit d'un moteur enfle dans les
oreilles des soldats. « Attention ! un Stuka... Ne
restons plus ici ! » Les trois soldats se couchent
dans l'herbe humide. Le Stuka leur lâche une bombe
qui siffle en descendant. William Brown jure. « Un
fusil, c'est zéro. Si j'avais une mitrailleuse ! »

La pluie augmente. Le Stuka s'éloigne dans le ciel
gris. Les hommes se lèvent pour trouver un refuge.
C'est une lugubre journée de mai 1940. Derrière le
rideau d'humidité, là-bas, au loin, ils discernent
la ferme. « Regardez... On pourra s'y installer au
sec ! » Burroughs marche avec difficulté. Ses deux
camarades doivent l'épauler... Toujours fataliste,
Albert déclare : « Pourquoi s'affoler d'ailleurs ?
Ce sera encore pareil dans vingt ans ! » Il reçoit
une vive réponse de Brown : « Ne radote donc pas !
Si je suis encore le même, disons, dans vingt ans,
Lennon, je vous paierai une pinte ! » Une ambiance
humide et fraîche règne dans la ferme. Une lampe à
pétrole au verre fendu pend au-dessus d'une grande
table encombrée d'assiettes sales. Les planches du
plafond sont noires de fumée. Burroughs est affalé
dans un fauteuil d'osier. Albert dit : « C'est une
vraie tombe ici, allumons un feu ! » « Oh non, car
la fumée nous fera repérer ! » Burroughs enlève le
casque de sa tête et il demande à Brown : « Crois-
tu vraiment que nous serons toujours là dans vingt
ans ? » Le pauvre Charlie a besoin d'être remonté.

« Sûr ! On va miser ! Faisons un pari ! On se fixe
un rendez-vous pour dans vingt ans ! On sera le 20
mai 1960 ! », déclare William. Même Albert Lennon,
accoudé au rebord de la cheminée a remarqué l'état
dépressif de Burroughs et il essaie de le remettre
d'attaque. « C'est une idée fantastique, William !
Voyons ! Où pourrait-on se rencontrer ? » Soudain,
de but en blanc, la porte s'ouvre... Un personnage
étrange s'encadre dans l'entrée et dit : « Au Four
Bars Inn, à Cardiff, voilà l'endroit idéal pour un
tel rendez-vous... » William Brown pointe son arme
vers l'intrus. Il hurle : « Qui va là ? Avancez ou
je tire ! » L'inconnu ouvre grand la porte, avance
dans la pièce. C'est un Britannique... Il est sans
doute en fuite comme eux... Les trois soldats sont
en cercle, le menaçant : « Qui es-tu ? D'où viens-
tu ? Où vas-tu ? » L'homme a le bout du flingue de
William planté dans le nombril. Imperturbable dans
son veston de tweed gris, il ne se démonte pas. On
dirait qu'il sort d'un rêve. « Mon nom est Galata,
Cosmik Galata. Je vous ai entendu. Vous avez parlé
d'un rendez-vous dans vingt ans... J'aimerais être
là aussi ! Que diriez-vous du Four Bars Inn ? » Un
sourire erre sur la lèvre du mystérieux personnage
qui s'est exprimé d'une voix douce. Les trois amis
restent muets. Ils baissent leurs armes lentement.
à suivre...

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jeudi 12 mars 2009

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (1)

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (1)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.

PROLOGUE (1918)

Pour certains jeunes, la guerre, c'est d'abord une
aventure ! Au printemps de 1918, Cosmik Galata âgé
de 18 ans franchit le Channel pour parvenir sur le
champ de bataille de France. La première tâche lui
est confiée ; l'officier lui remet un papier kraft
plié en quatre : « Ils arrivent ! Porte ce message
au Quartier Général, Cosmik, et dépêche-toi ! Nous
avons besoin de secours ! » Les pertes sont sèches
et lourdes en ces jours et nuits d'échauffourées !

Ypres... Mons... La Somme... Douloureux baptême du
feu pour un célibataire de 18 ans... Il avance dos
recourbé dans la tranchée. Devant lui, un conscrit
poilu s'écroule touché au ventre en hurlant. Alors
Cosmik Galata crie : « Brancardiers ! » Il n'a pas
eu beaucoup de pratique avant de se retrouver dans
la fange des tranchées. Il demeure bouche bée face
à un blessé qui perd du sang par un gros trou dans
son crâne. Un combattant l'interpelle : « Ne reste
pas là, jeune balourd ! Pars vite ! L'officier l'a
dit ! » Le tir de barrage d'artillerie a choqué le
garçon. Le soldat lui demande s'il a la trouille :
« Eh, qu'as-tu, Fiston ? La trouille ? » Cosmik ne
peut se dominer... Il tremble comme une feuille de
vigne dans le vent. Il se souvient de son désir de
devenir guerrier. La tranchée qui amène au Q.G. du
bataillon se bouche... Les obus éclatent. Cosmik a
peur. Il sait qu'il ne traversera plus le barrage.

Autour de lui, la terre et la pierre se soulèvent.

Une fumée noirâtre masque le firmament. Le vacarme
est dantesque. Cosmik Galata perd son sang-froid à
cause d'un trou dans son moral, quitte la tranchée
et commence à cavaler comme un malade à travers le
champ de bataille... « Non ! Moi, pas mourir ! Moi
pas mourir ! I don't want to die ! » Ces mots lui
tournent en boucles dans la tête alors qu'il court
en zigzags entre les trous d'obus dans la pétarade
qui illumine le ciel. Dans ce moderne enfer, voilà
une ferme qui lui semble être un refuge ferme. Une
grande partie de la toiture est pourtant écroulée.

Des traînées noirâtres se convulsent sur les murs.

Les volets pendent misérablement... Cosmik enjambe
un muret de pierres et titube vers la ferme. Ouf !
à suivre...
Une version différente de ce feuilleton a paru dans la revue Le Jardin Ouvrier de septembre 1999 à juillet 2001.

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lundi 2 mars 2009

Un autre dessin idiot

Celui-ci figure dans le numéro 2 du Coltin grafik (clap sur le cinéma)
Revue auto-diffusée/auto-distribuée.
Numéro 2 sur le thème du cinéma,
Format 14,8 x 21 cm, 48 pages intérieures dont 8 pages couleurs.
Première et quatrième de couverture en couleurs.
Siranouche/éditions Le Coltin grafik
Tirage : 1000 exemplaires offset.
Prix : 10 €

Quelques autres encore sur le site de Lifeproof.

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