lundi 30 juin 2008

Les Coleman (3)

C’était comme essayer de verser du sang d’une théière.
Elle adorait le sol sur lequel il n’avait pas marché.
Les plaisanteries timides sont gênées lorsqu’elles font rire les gens.
Le yin et le yang sont en désaccord parfait.
L’un des crimes les plus mystérieux : l’assassinat du savon par l’eau.
Les pianistes portent assez rarement des gants de boxe.
« Pourquoi donc continuent-ils à jeter cet argent ? » se demande la fontaine aux souhaits.
Cercueil : petite habitation souterraine où vivent les morts.
Regarder la pendule peut devenir une perte de temps.
La tragédie d’une mauvaise comédie.
Les somnambules n’ont pas besoin de cartes routières.
La pendule décida de travailler tard cette nuit-là.
Jumeaux : deux personnes exactement différentes.
Un enfant qui est champion de cache-cache risque d’être devenu un adulte quand on le trouvera.
Chauve : aveugle des cheveux.


Le temps entre les doigts, du jaune d’œuf sur le visage, du sexe dans la tête et de la merde de chien sur les chaussures.
Le bruit peut être calme.
Miroir : cet œil qui observe constamment sans cligner.
J’ai grandi suffisamment pour savoir que les trucs des adultes ne m’intéressent pas.
Echo : miroir sonore.
Le monde devient plus grand quand on le regarde à travers une loupe.
Le vice est en désaccord avec versa et vice versa.
Son image dans le miroir se rasait toujours au même moment.
Les cartes routières peuvent se perdre.
La tapette à souris ne parvient toujours pas à faire la différence entre les souris et les doigts.
Dictionnaire : mine de mots.
Détective : quelqu’un qui souhaite rester indétectable.
La tranquillité des pierres est parfois tellement provocante qu’elle amène les gens à les lancer.
L’histoire pour s’endormir était fatiguée. On l’avait trop souvent racontée.
Le sucre amer est un ami de la glace chaude.
Rapide : lent qui accélère.
Le piège avait généreusement gardé de la nourriture pour la souris.
Mets ça dans ton « Ceci n’est pas une pipe » et fume-le.
Les livres ne savent pas lire.
Au bal costumé, le gendarme est venu en gendarme, l’infirmière en infirmière, le clown en clown et toi en toi-même.

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mardi 24 juin 2008

Les Coleman (2)

Le novice savait tout
Les robinets goutteraient sans arrêt si on les laissait faire.
Dans ce grenier il y avait une lucarne et un Rembrandt
Il était coupable de n'avoir commis aucun crime.
De la confiture de fruit défendu.
Pour prendre une photo, appâtez l'appareil avec du film.
La vitre perdit sa virginité à cause d'une brique.
On utilisa trois clous pour fixer l'icône du Christ au mur.
Y a-t-il une vie après la mort après la vie après la mort ?
Le cow-boy mit ses lunettes de soleil et chevaucha vers le soleil couchant.
Il est temps que la Princesse se transforme en grenouille.
Les murs nous permettent de savoir de quel côté nous sommes.
Les bougies mangent de la cire.
Ou il était sourd, ou son cœur avait cessé de battre.
Les Indiens furent d'accord pour enterrer la hache de guerre et cacher le calumet de la paix.
Les clowns ne sont pas drôles, voilà pourquoi ils sont tristes.
Escalier : endroit où le haut et le bas se rencontrent.
II était confus. C'était clair.
Toutes les collisions se produisent à la bonne vitesse.


La tragédie d'une mauvaise comédie.
Regarder la pendule peut devenir une perte de temps.
Les somnambules n'ont pas besoin de cartes routières.
La pendule décida de travailler tard cette nuit-là.
Jumeaux : deux personnes exactement différentes.
Un enfant qui est champion de cache-cache risque d'être devenu un adulte quand on le trouvera.
Chauve : aveugle des cheveux.
Le ballon de foot ignorait dans quel camp il se trouvait.
Le public tiède applaudit avec des gants.
Cela n'aurait pas été si difficile si ce n'avait été aussi facile.
On aperçut un périscope miniature émergeant à la surface de sa tasse de thé.
Toutes les semaines, le cannibale devait trouver un nouveau boucher.
Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi il avait toujours assez de cigarettes jusqu'au moment où il n'en restait plus.
Jusqu'à présent, les vaches n'ont jamais donné le moindre signe qu'elles pratiquaient des sports collectifs.
A quel moment court est-il assez long ?
Pierre tombale ; marque-page de la mort.
Le crématorium fut réduit en cendres.
Qui est le dernier venu, la poule ou l'œuf ?
Ecrivez toujours entre les lignes.
Tr :L S.

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posted by Lucien Suel at 08:41 2 comments

mercredi 18 juin 2008

Les Coleman (1)

Nous publions sur ce blog le contenu de l'ouvrage de Les Coleman "Je suis trop vieux pour mourir jeune" , irréflexions & dessins, édité par la Station Underground d'Emerveillement Littéraire en 2005, et aujourd'hui épuisé.

Le crime de l’oiseau en cage est sa capacité à voler.
Pan : le mot qui tue.
L’argent est la base de toute richesse.
Les Martiens ont sans doute cru à l’existence des humains de la même façon que les humains croient à l’existence des Martiens.
Le verre est là pour empêcher l’extérieur de rentrer et l’intérieur de sortir.
Les pigeons chient sur toutes les statues sans discrimination.
L’organe de reproduction des châteaux de sable est le seau.
Les jours font la queue pour devenir aujourd’hui.
Les fenêtres ne font pas comme les gens : elles sont nues dans la journée et habillées la nuit.
Nous sommes le métal attiré par l’aimant de la mort.
Quand les couleurs passent et ternissent, on les remplace par des couleurs fraîches et pimpantes.
On a rarement entendu parler d’un cinéma installé au sommet d’une montagne.

Les sous-marins de luxe ont leurs propres piscines.

Les trains s’arrêtent en gare pour attendre le départ des rails.

Le jour décida de se séparer de la nuit et de suivre sa voie personnelle.

Le verre est silencieux jusqu’à ce qu’il se brise.

Toutes les pièces du puzzle joignirent leurs efforts pour retrouver celle qui manquait.

Chaque page d’un livre connaît la page d’en face par cœur.

Les fenêtres propres voient mieux.

L’œil pense et le cerveau voit.

Le jaune et le bleu se perdent toujours quand ils cherchent le vert.

Le feu a signé un pacte suicidaire avec l’essence.

Le bâton de marche n’était pas trop sûr de ce qu’il devait faire lorsque l’homme commença à courir.

La cuillère adore la chaude caresse de la soupe.

Les jouets sont les enfants du réel.

Le feu d’artifice ne se donne en spectacle qu’une seule fois.

La lumière se cache dans l’ombre.

Tout finit par arriver à ceux qui attendent et si ce n’est pas le cas, il leur suffit d’attendre davantage.

Les gens qui n’ont pas le sens de l’humour ont de la chance. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent.

Traduction L. Suel

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posted by Lucien Suel at 08:44 1 comments

mercredi 11 juin 2008

Skate & Black Onions par Mimosa

Skate & Black Onions


Ch’l’artisan apache ya construit eune afe-pipe din sin gardin fo qu’aveucq dés branques ed’troenne. Sito qué ch’soulé qui sourit, i passe par ed’sus ch’vasistas pou contreplaquer chés vaques conne un coutiaù dsus eune tartine.


Tony Alvaù i shoote Christobal din sin cœur pou qu’cha li fasse un électrochoc pou qui s’révelle. Révelle-te Chistobal. Ravisse me chaù ch’dalache. Tés-vas-tu t’réveller Christobal ?


Djé Adams i toulle sés braù aveucq sés gambes conne eune essoreusse-batteusse. I resse pu qu’fo des tiches ed’palle pour es’consommation personelle. Cheul dérife laù ale est gommée pa ch’l’écrasemint ed chés reules ed’terre qui tournetés sottes.


Stacy Péraltaù che’f ed’quimp. El’maillot rouche dé s’brunette aveucq sés courts cavius. Ch’l’emballache ed’Bounty jéchté dsous el’banquette ed’Micheline. Sin grind-frère assis dsus el’banquette ed’Micheline. Sés jnoux l’un cont l’autte par ech’silinche del’discrétion.


In dévalo el’route dé ch’cimtchière l’un in face ed’l’aute assis dsus nous planques ed’skates qui formottent un batiaù. Nos braùs i s’étirottent conne chés files qui juttent ale carotte. Cheule gomme ale siffe dsus ch’l’asphalte Ale dessine un serpint noére qui s’infonche din l’brume ed’nos matins crus.



Skate & Black Onions


L’artisan apache a construit un half-pipe dans son jardin uniquement avec des branches de troènes. Dès que le soleil sourit, il enjambe le vasistas pour contreplaquer les vagues comme un couteau sur une tartine.


Tony Alva shoote Christobald dans le cœur pour que ça lui fasse un électrochoc qui le réveille. Réveille-toi Christobald. Regarde-moi ça ce déluge. Vas-tu te réveiller Christobald ?


Jay Adams mélange ses bras et ses jambes comme une essoreuse-batteuse. Il ne reste que des fétus de paille pour sa consommation personnelle. Cette dérive est gommée par l’écrasement incessant des roues d’argiles.


Stacy Peralta chef de camp. Le débardeur rouge de sa brunette aux cheveux courts. L’emballage de Bounty jeté sous la banquette de Micheline. Son grand-frère assis sur la banquette de Micheline. Ses genoux joints par le silence de la discrétion.


Nous dévalions la route du cimetière l’un en face de l’autre assis sur nos planches de skate qui formaient un bateau. Nos bras s’étiraient comme les gamines qui jouent à la carotte. La gomme siffle sur l’asphalte. Elle dessine un serpent noir qui s’enfonce dans la brume de nos matins frais.


"Skate & Black Onions", un texte de Mimosa (traduit du picard en français par l'auteur)

Le titre du texte est une référence à un morceau de Rapeman (ancien groupe de Steve Albini).
L'image est tirée du film "Lords of Dogtown" qui met en scène les inventeurs du skate moderne que furent Jay Adams, Stacy Peralta et Tony Alva.

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posted by Lucien Suel at 09:04 2 comments

lundi 9 juin 2008

Silo (49) Nicolas Bokov

Le soleil repousse toujours plus loin l’horizon. On voit apparaître des bâtisses d’exploitation – les fruits (non ! les résultats) d’autres mouvements de l’âme et des mains. Le silo à grains. Le château d’eau. Et même des pyramides aux dimensions égyptiennes : de grands tas noirs coniques, les terrils de mines désaffectées. p 30
Nicolas Bokov, Trois regards sur la plaine, in Les annales de la Villa Mont-Noir, 2002-2003.

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posted by Lucien Suel at 16:27 0 comments

jeudi 5 juin 2008

Monk par J.-L. Galus

MONK

« Alors je fais semblant d’être muet comme ça je n’ai pas l’air d’être étranger. »
Valentin G. le samedi 24 mai 2008 sur la terrasse
du snack-restaurant-tea room « Bijenhof » à Bissegem.

MONK enfant est peu loquace mais très véloce
Sur l’piano mécaniqu’il décalqu’la cours’des touches dans l’dos d’sa grand’sœur
MONK n’a jamais appris à jouer
MONK est peu loquace mais très véloce à l’Eglise baptiste on voit ses chaussures dessiner des spirales compliquées des sortes de sprint et de la main droite aussi c’est elle qui joue le jazz de dans vingt ans c’est elle qui change de braquet c’est la main droite
le free jazz
MONK est peu loquace MONK fait bande à part. La main gauche pioche (et manque de vélocité) elle joue du marteau 120 kg écrasent une touche quand Glenn Gould a la tête dans le guidon MONK buste droit prise au vent perd du temps. MONK joue lentement et roule de travers
Les mains de MONK
Les mollets du cycliste
Les mains tendues en pointe qui pèsent dans les 100 kg et parfois 100 milligrammes de notes fantômes
MONK est peu loquace et solitaire
Au piano MONK mène une sorte de course contre la montre comme dans la nuit Anquetil de Bordeaux vers Paris
après le Dauphiné (Libéré) avec la régularité du métronome car MONK ne dort pas MONK peut jouer toute la nuit MONK peut rester 72 heures sans dormir
MONK s’échappe
MONK fait le vide
MONK est peu loquace MONK fait le moine MONK est ermite
il pioche dans son désert
MONK aime dormir 3h après la fermeture du club parfois au milieu d’un concert (il s’endort) sur son piano il se réveille tout seul en sursaut et plaque quelques accords
MONK est peu loquace MONK est condamné au silence
On lui retire sa carte pendant 6 ans interdit de jouer en Ville
MONK prend de l’alcool
MONK prend de la dope
MONK prend des tranquillisants
MONK prend de la coke
il supporte des cock-
-tails qui tueraient un bœuf
MONK n’est plus autorisé à tuer
le temps gagner sa vie dans des boîtes de jazz
des clubs où il retrouve Di-
-zzie
Gillepsie Charlie
Parker pour faire le bœuf
MONK est peu loquace et condamné au silence
Bird et Dizzie trustent les podiums
MONK à Paris est copieusement sifflé
Mais sans personne pour lui mettre des bâtons dans les roues
MONK avance
MONK pousse sa musique devant lui
Thelonious Sphere MONK
quand on le voit on pense gros et lourd mais MONK au ping-pong est imbattable
et MONK danse personne comme MONK ne fait sentir l’équilibre avec autant de poids
MONK pousse sa musique et quand
tout brûle … MONK se rachète un piano si grand qu’il empiète sur la cuisine
MONK tourne maboul il esquisse un pas de danse et dévie esquive un peu las le concert s’endort en plein milieu MONK laisse tout tomber jusqu’à ce que Dizzie lui pince le bout d’un doigt et MONK joue comme si de rien n’était
MONK travaille du chapeau il en a toute une collection. Vers la fin de sa vie quand il perd la tête plus de couvre-chef
MONK le 20 avril 1961 à l’Alcazar de Marseille surgit par la gauche MONK titubant porte une toque et un manteau d’astrakan couvert de sueur MONK comme de guingois et brusquement ses notes bifurquant
MONK dissone
MONK s’échappe
MONK a un petit vélo qui crisse des dents au fond de chaque chapeau
Thelonious Sphere MONK est maboul
MONK est fou
longtemps New York lui sert de garde-boue mais Thelonious dérape fait l’avion il danse il fait le tourniquet et tape du pied pour écouter ce que le réverbère résonne. MONK déraisonne hors de New York qui lui servait de garde-fou c’est sûr quand il entreprend un pas de danse tout autour du piano –le public hypnotisé se tait et attend- du temps passe il ne va pas bien du tout.
Oui fou MONK est fou
Fou oui MONK est fou
MONK est fou oui fou
éééééééééé « on dit que je suis fou ce n’est pas vrai… j’y étais chez les fous et ils m’ont bien laissé sortir ! »
MONK est costaud il virevolte au ping-pong et fin joueur au billard !!!
MONK est peu loquace mais MONK danse il danse en coulisse
Il danse sur scène
Il danse autour du piano il danse dans les aéroports il danse au milieu de l’interview
MONK se détend il fixe l’air absorbé
un point précis du plafond il danse
les yeux dans le vague puis se remet à zigzaguer le poing tendu en l’air
MONK danse pendant que Charlie Rouse joue son solo
et quand Charlie finit son solo
MONK reprend son jeu au piano
La danse fait partie du piano !
MONK s’échappe
MONK fulgure
MONK transpire suspendu dans le temps
MONK est peu loquace alors il fouille dans sa poche
et joue de la main gauche
saisit le mouchoir le pose et poursuit son solo de la main droite
la cendre de la cigarette menace
de tomber
sur le clavier
MONK de la main gauche la prend de la droite il joue deux fois
le même motif
Il pose le mouchoir devant lui et joue de nouveau à deux mains
MONK n’a pas de partition
MONK n’est pas loquace et grince des dents. MONK pense-t-il encore ?
MONK brûle les ponts
MONK pense à Bud qu’il poussait sur scène en disant que si le petit ne jouait pas lui ne jouait pas non plus
MONK est peu loquace et s’ensilence pareil à un pont coupé une chanson rompue au milieu d’un couplet
MONK pense à Bud Powell affalé sur le piano qui avait été traîné dans la cour de l’hôpital psychiatrique
MONK sourit du sourire d’un homme à l’intérieur de lui-même.
MONK joue sans partition.
Jean-Luc Galus

Poème contenant des citations non déguisées extraites de Monk de Laurent de Wilde, 1996, éd. Gallimard et d’un article de Denis Laborde Thelonious Monk, le sculpteur de silence.

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lundi 2 juin 2008

Coupe-carotte

Coupe-Carotte est un petit livre qui présente les prolongements que j'ai donnés au cut-up entre 1972 et 1996. Cela va du texte aléatoire (mots sortis d'un chapeau) au vers justifié, en passant par le poème express et le détournement. J'avais rassemblé ces matériaux, cette carotte géologico-littéraire pour rendre hommage à l'inventeur William Burroughs après sa mort en 1997. Publié par Marie-Laure Dagoit en 2002 aux éditions Derrière la salle de bains, dans la collection "Poésies mécaniques", aujourd'hui épuisé, Coupe Carotte vient tout juste d'être réédité en version numérique par Publie.net dans la collection "Formes brèves" avec une très amicale présentation de François Bon.

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posted by Lucien Suel at 07:42 0 comments