mercredi 24 janvier 2007

Peter Orlovsky : lettre à Allen Ginsberg (3/6)

une bonne femme vient me demander
quelque chose "pas d'enveloppes ici" qu'elle dit - dans le
lounge, ici il y a des bureaux-
des somnambules qui crient l'heure
du thé avant le déjeuner, des lunettes sur
une table rose ;- je peste - contre La Vigne-
la famille - la nonne de Dieu - mais
aujourd'hui le remorqueur va vaincre ce
bateau - attraper sa fumée au lasso-
Le prêtre n'a pas apprécié ça-
pourquoi tu as l'air
fâché contre moi- j'avais envie
de lui dire mais je me suis retenu - j'ai simplement
discuté en imagination avec quelqu'un d'autre
que le bateau - on était tous là
à regarder la carte marine - de la route du bateau
sur la mer nombril et je
n'arrêtais pas de répéter encore 200
miles à faire et les remorqueurs
vont attraper notre fumée au lasso et nous amener
à quai ce qui prendra 20 minutes
et puis ensuite il faut encore une heure on glissera devant
la Statue de la Liberté que nous connaissons
tous - OH Liberté - descends
et va dans nos cours de justice
Comme tu es verte-
Oh ma Liberté, ma Liberté
verte - je vois ton feu-
et les têtes que tu pèses
sur ta balance - oui
une tête équilibre l'autre
c'est ça la justice-
oh marche tu es plus grande que
l'eau - plus haute que l'Empire
state building - Oh viens
dans ma chambre dans la nuit
orientale - Oh viens - Oh viens
Ma Liberté ma terre verte
je sais que tu n'es que de pierre et
incapable de bouger et c'est pour cela que je
vais bouger à ta place-
donne-moi ta torche &
ta balance - la Justice est de mon côté-
la Justice & le vert-
le vert & la Justice
venez - rêves pour les
Palais de Justice-
Oh ma Liberté, danse pour moi
Je te vois au sommet
de l'empire state building
et dans mon lit - ton corps
mort depuis mille ans-
et toi à mes côtés qu'ai-je
à perdre dans la vie
viens - écarte tes lèvres-
parle-moi
chante pour moi-
danse pour moi-
toi, toi, toi, toi-
Je t'appartiens tout entier-
et maintenant une fois de plus je vais passer
à côté de toi - moi américain-russe
sur un grand bateau blanc - en hiver
vas-tu me faire un clin d'oeil-
vas-y, vas-y, vas-y-
Laisse-moi Halluciner à toi-
et ce petit morceau de terrain
qui t'es alloué - ce n'est pas assez grand
pour que la Justice puisse s'y ancrer-
et le ciel par-dessus-
il te verdit sans arrêt - continue
ma jolie-
Souris avant qu'une autre rose ne meure !
Parle toute seule OH Liberté
As-tu des gosses ?
Où est ta mère, ton père ?-
As-tu des rapports sexuels en dehors du mariage ?
Oh, Liberté tu as des oranges dans les
yeux, des poires dans les oreilles-
et des raisins dans le nez-
OH visage d'ange plein de fruits-
ramasse des pastèques
et bricole-toi une cascade
pour ton seul plaisir-
Je veux te voir
t'amuser - OH embrasse-moi
balance-moi des melons-
montre que tu vis un peu-
comme je le fais pour toi - porte mes
enfants - quand j'aurai mes
enfants, je leur dirai
de te tenir la main - Oh embrasse-moi,
nous avons, tous, besoin de toi-
ce qui est à toi est à nous - où est ton
instrument de musique - qu'y a-t-il dans
ta balance - qu'as-tu aux pieds-
qu'as-tu sous les pieds - ou mieux
tes jambes - j'ai besoin de toi-
je pleurerais si tu me prenais
dans tes bras - ce poème
pleure - ou ce qui défile dans mon
esprit pleure - pleure - pleure-
mer - mer - pas de terre -mer - pleure
As-tu une bague au doigt ?
Es-tu déjà mariée-?
est-ce que je peux te demander ta main ?
Je suis bon cuisinier-
Est-ce que les vagues de la mer te lavent
bien toute entière ? as-tu froid en
hiver ? Certainement que oui avec
cette robe de voile pour tout vêtement-
on dirait que tu vas aller te coucher-
oui voilà ce que je vais dire quand
mon bateau passera devant toi-
on dirait que tu vas aller te coucher-
mais ta main pleine de feu-
tes dents pleines de feu-
tes nichons pleins de feu-
tes jambes pleines de feu-
toute en feu - des flammes rouges ou des flammes vertes-
parle - crie - hurle - marche-
va jusqu'aux marchés comme
le christ - flanque l'argent à
la mer - coupe les bâtiments
en deux et envoie les moitiés dans
les coins les plus éloignés du monde
où des ventres affamés
rampent par terre en léchant les pierres
Volatilise l'armée dans les
nuages - pisse sur les fusils
de l'armée et fais-les rouiller-
Oh, ma Liberté ne me marche pas sur les pieds-
Oh Liberté habille-toi moderne

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posted by Lucien Suel at 09:00